Il y a quelques temps, j'écoutais un monsieur, anthropologue (principalement, et admissible sur Wikipédia qui plus est), parler de choses et d'autres. Outre le propos de fond (très intéressant, et que l'on peut trouver dans toute bonne librairie1), cet homme a gratifié l'assistance d'une quasi-parabole2, source de réflexions intenses.
Je vous la livre (en moins captivante que celle du distingué savant). Ce monsieur, dans le cadre de son métier, se promenait au Sénégal pour étudier l'agriculture - traditionnelle - du pays. Sa méthode était simple : il cherchait les "bons" paysans, c'est-à-dire ceux dont la (bonne) réputation était connue à grande distance de leur lieu d'habitation. Et une fois trouvé, les questionnait sur leurs méthodes au regard de leurs champs. Un point commun l'étonnait (un peu) : dans les champs de ces agriculteurs, à chaque fois, se trouvaient des plans malingres, en mauvais état, parmi les beaux spécimens, dans un carré dédié, ou disséminés dans le champ. Le premier paysan consulté lui indiqua que c'est parce ces spécimens l'amusaient, le suivant parce qu'ils mettaient en valeur son travail sur les plans sains et ainsi de suite. Et puis, indiquait en souriant l'anthropologue, il y avait aussi le facteur musulman : le défaut dans l'oeuvre, car la perfection n'appartient qu'à Allah. Mais, rajoutait-il, ces agriculteurs favorisaient aussi, plus prosaïquement, le brassage des gènes en les maintenant dans la population cultivée
De retour dans des contrées (bien) plus au nord, l'anthropologue mena la même enquête en Beauce. Et eu des retours diamétralement opposés : le champ doit être "propre". La moindre coquelicot devenant ainsi un défaut à éliminer quand on le voit dans un champ de blé. Bien que le coquelicot ne soit pas récolté au même niveau que les céréales. La finalité étant un génome plus contrôlable à disposition. Et il soulignait alors l'opposition de style entre l'agriculture traditionnelle et les champs ayant profité (en bien ou en mal) de l'agronomie. La suite n'était certainement pas moins intéressante, puisque les questions de "diversité confronté à la "multiplicité" étaient abordées (sans basculer dans le champ politique, ce qui permet de garder des débats sereins, et d'engendrer des conversations tout aussi agréables).
L'extension de ce genre de paraboles à Wikipédia peut sembler difficile, en premier lieu. Mais si on y regarde bien, je pense que les deux visions évoquées par notre observateur sont tout à fait compatibles si l'on considère l'espace principal (+ modèles on va dire) comme la partie saine (devant assurer la "pureté") et les espaces de discussion comme (presqu') inutiles mais (presqu') indispensables.
Je ne cache pas, cependant, que ce billet était plus un prétexte à faire découvrire une jolie histoire.
1. J'ai vérifié.
2. Quasi, car c'était une histoire vraie.