la véritable histoire du commando "Kieffer"

Publié le 24 juin 2011 par Anttrn1

LA VERITABLE HISTOIRE DU COMMANDO KIEFFER
Stéphane Simonnet , directeur scientifique du Mémorial de Caen , vient de soutenir une thèse sur le commando français présent lors du 6 juin 1944 .L’occasion de décrier sa face cachée
Les Français du Jour " J "
Avec son travail de presque 900 pages , Stéphane Simonnet veut casser cette image . Le commando Kieffer a existé avant le 6 juin 1944 et il continue de combattre après. Jusqu’en Allemagne en 1945.
Certes , le matin du Débarquement , ils sont les seuls Français à poser le pied sur une plage normande. A Colleville-Montgmorery dès 7h30. Philippe Kieffer commande alors 177 hommes intégrés dans le Commando 4 de l’armée britannique . Ce symbole du Débarquement a transformé l’histoire du commando en épopée , une légende. J’ai voulu aller voir derrière . Pour cette thèse , le directeur scientifique du Mémorial a travaillé à partir de témoignages de 28 anciens du commando. Mais aussi , pour la première fois , à partir des archives anglaises.
Kieffer , personnage énigmatique.
On lui doit tout affirme Stéphane Simonnet. Sans lui , le commando n’aurait jamais vu le jour . Il l’invente , il recrute les hommes ,les forme.
Philippe Kieffer arrive à Paris en 1939 . C’est un homme en rupture , il quitte Haïti où il est né. Il divorce . Il a fait 36 000 métiers , dont banquier aux Etats-Unis . Il n’est pas militaire . Il s’engage et arrive à Londres en 1940 , il a 41 ans .
En 1941 , le déclic .Il étudie les raids menés par les commandos britanniques en Norvège . Il réussit à convaincre la hiérarchie des Forces Françaises Libres de créer son commando . Il tiendra à bout de bras son unité . En 1945 , Philippe Kieffer quitte la Marine .Il s’engage dans une carrière politique , dans le canton de Grandcamp-Maisy . Il y sera enterré en 1962.
Un jeune marin breton .
Stéphane Simonnet a réussi à dresser le portrait – robot d’un commando Kieffer : C’est avant tout un marin ( 60% des 177 hommes ) . Il est breton ( 26%) . Il a moins de 25 ans . Là encore
l’historien caennais casse le mythe : On est loin de l’image du type qui rejoint Londres en 1940 après avoir entendu l’appel du général de Gaulle. La plus grande vague de recrutement remonte à 1943 .
Le 6 juin 1944 .
Le commando Kieffer est engagé dans une première opération en aoùt 1942 : le raid sur Dieppe. Jusqu’en 1944 , il participe à plusieurs raids , mais subit aussi de longues périodes d’inactivité. Très dur pour ces hommes très bien entraînés. Philippe Kieffer doit combattre la lassitude , les baisses de moral .Le 6 juin 1944 , le commando doit aller prendre position à Amfreville , au-delà de l'Orne , pour protéger les ponts sur la rivière , il la remplira au prix de pertes très importantes :25% de l’effectif. Les renseignements alliés n’avaient pas prévu la résistance allemande , notamment autour du casino de Ouistreham.
Oubliés de la France Libre.
Dès juin 1944 , les hommes de Kieffer ressentent beaucoup d’amertume. Lorsqu’il débarque en France , le général de Gaulle ne viendra pas les voir . Eux , les seuls Français du Jour J !
Après guerre , le commando Kieffer ne trouve pas sa place dans la mémoire collective. Le Débarquement n'est pas un combat de la France Libre .Dans l’esprit de De Gaulle , c’est une opération anglo-américaine , avance Stéphane Simonnet .
A partir de 1984 le commando Kieffer retrouve une place plus importante avec l’ouverture d’un musée à Ouistreham , les visites de François Mitterrand , la création d’une association des anciens.Dernier hommage en date , la création d’un commando Kieffer en mai 2008

source Ouest-France  . Jean-Christophe LALAY