Avion Bombardier
Depuis Montréal, Canada
Même en pleine crise économique, les riches continuent de s’enrichir. Et ça choque bien des gens. Mais un groupe ne s’en plaint pas : les quelque 2000 employés de Bombardier à Dorval.
Au Centre de finition Global, sur Côte-Vertu, on met la touche finale sur des joujoux de milliardaires : les avions d’affaires Global.
On parle beaucoup dans les médias de la CSeries, ces nouveaux avions commerciaux. Mais ce qui traîne la division aéronautique de Bombardier depuis quelque temps, et ce qui génère la majorité de ses profits, ce sont les jets d’affaires privés. Et particulièrement le haut de gamme. Comme les Global, qui coûtent autour de 60 millions $ chacun.
Parmi les clients de ce produit de luxe : Steven Spielberg, Oprah, Bill Gates, des propriétaires d’équipe sportive, des PDG chinois, arabes… Au Québec, on compte sur les doigts d’une main les propriétaires d’avion privé Global. Parmi eux Guy Laliberté, fondateur du Cirque du Soleil, et la famille Desmarais.
L’intérieur de ces appareils, qui comptent une douzaine de sièges selon le modèle, est déjà luxueux. Mais tant qu’à payer une soixantaine de millions $, certains y ajoutent un extra ou deux : cuir de girafe sur les sièges, système de son et lumières pour faire le party à bord, bois exotique, et pourquoi pas une douche! Des caprices dispendieux, quand on sait qu’un petit meuble en bois peut coûter jusqu’à 250 000 $ dans cet avion.
L’avion Global est assemblé à Toronto, mais la finition intérieure et la peinture se font ici, à Montréal.
Pas de répit pour les riches
Au salon de l’aéronautique du Bourget, qui se déroule en ce moment, Bombardier vient de vendre 10 biréacteurs Global 8000 à Vistajet, une firme qui loue ce type d’avion à des gens d’affaires. Une autre firme, celle-là en Australie, a aussi commandé quatre appareils Global.
En fait, la production des avions Global n’a presque pas ralenti, même pendant la récession. Au mieux, la crise a permis d’alléger un peu le carnet de commandes, ce qui a permis à Bombardier de livrer certains avions plus rapidement à leurs clients. Ce qui fait l’affaire de beaucoup d’entre eux, pressés d’embarquer dans leur nouveau jouet. Le marché a aussi évolué, avec l’apparition d’entreprises de partage et de location de jets privés, comme Vistajet, qui permettent aux gens d’affaires de partager leur avion… et leur facture.
C’est que la crise économique a eu peu d’impact sur les ultra-riches, qui constituent la clientèle pour ces avions de Bombardier. Selon un rapport Merrill Lynch-Capgemini, cité par l’agence Reuters, les riches se sont même enrichis, notamment grâce au rebond boursier. En 2010, le nombre de millionnaires avait grimpé de 17 % dans le monde par rapport à l’année précédente, et leur richesse collective s’était appréciée de près de 20 %, pour atteindre 39 000 milliards $.
Scandaleux? Peut-être. Mais le Centre de Finition de Bombardier à Dorval n’a jamais été aussi occupé. Les quelque 2000 employés y gagnent de très bons salaires, et les syndiqués jouissent d’une des meilleures conventions collectives qu’on puisse trouver dans le secteur privé.
On aime bien pester contre les ultra-riches, à tort ou à raison. Mais certains d’entre nous doivent être bien contents qu’ils existent.
Article repris avec l’aimable autorisation de son auteur.