Je reviens d'une mission de trois jours à Dhaka, capitale du Bangladesh, ce pays enclavé dans la partie est de l'Inde.
Il s'agit d'un pays pauvre de 160 millions d'habitants dont l'essentiel de l'activité économique repose sur le textile. Le pays est aidé par le FMI, le Japon, la Chine, l'Inde. Les Pays-Bas soutiennent aussi ce pays qui, comme eux, doit gérer la menace que constitue l'élévation du niveau de la mer. Si la mer monte d'un mètre, 17% du territoire est submergé.
Je lis souvent dans la presse des commentaires négatifs sur le FMI et autres organismes internationaux. Pour ma part, je peux témoigner, compte tenu de mes missions au Sri Lanka, Bhutan et Bangladesh, que le FMI et les autres organismes internationaux font énormément pour aider ces pays et souvent le font en soutenant des grands projets de développement. L'Union Europèenne participe aussi à ce soutien, les marchandises du Bangladesh entrant dans l'Union sans droits de douane.
Les chinois essayent de se positionner dans le pays, comme ils essayent de le faire dans toute la région, fidèle en cela à leur stratégie de présence active aisément mise en oeuvre par les milliarsd de dollars dont dispose l'empire du Milieu. Les Indiens sont aussi présents et les relations bilatérales sont bonnes.
Si le revenu moyen est très bas (avec un chomage élevé), il existe quelques industries qui marchent bien et un secteur privé dans l'ensemble bien géré. Il en va différemment du secteur public, comme c'est souvent le cas dans les pays "les moins avancés" pour reprendre l'expression politiquement correcte...
On voit beaucoup de pauvreté dans la rue. La ville de Dhaka n'a rien de bien séduisant. S'il existe des rickshaws comme en Inde, il y a davantage de pousse-pousse à pédale ! L'un des gros problèmes du pays est l'énergie qui manque; des réserves de gaz découvertes il y a quelques années dans le Golfe du Bengale seront épuisées dans quatre ans.
Ici, on ne parle que le bengali. L'anglais est beaucoup moins répandu qu'en Inde. Les gens sont très gentils et souriants. Beaucoup de jeunes garçons portent des chemises impeccables et on voit peu de tee-shirts.
Une des grandes faiblesses du pays est le manque de maturité de la classe politique; les deux principaux partis se livrent une lutte sans merci qui est préjudiciable à l'intérêt national. Une autre faiblesse, sans surprise, est la corruption.
La ville de Dhaka ne nourrit pas mon imagination. Une ville plutôt laide souffrant d'un manque criant de moyens de transport et 19 millions d'habitants. On voit bien quelques femmes entièrement voilées, mais assez peu. On entend ici ou là quelques appels à la prière qui sortent en grésillant de vieux haut-parleurs, mais rien à voir avec l'Arabie Saoudite.
Toujours est-il qu'après trois jours à Dhaka, on trouve que Bombay est une ville belle, reposante et bien organisée. Comme quoi, il faut parfois sortir de son cadre de vie pour bien en mesurer l'attrait...