Écrit par La Nouvelle Expression
Jeudi, 23 Juin 2011 16:15
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Arrêté, jugé, condamné à mort, puis à perpétuité, dans le cadre des célèbres procès de la rébellion et du complot en 1970 et 1971, Mgr Albert Ndongmo est la figure emblématique des rapports conflictuels de l'Eglise avec le pouvoir politique au Cameroun.Il y a eu au total six condamnés à mort lors des procès de la rébellion et du complot qui s'étaient déroulés entre décembre 1970 et janvier 1971. L'issue du procès dit de la rébellion avait débouché sur cette sentence : peine de mort pour Ernest Ouandié, chef rebelle, fondateur de l'Armée de libération nationale du Kamerun (Alnk), leader
de l'Union des populations du Cameroun (UPC). Ainsi que pour Njassep Mathieu, dit « Ben Bella » qui était le secrétaire particulier de Ouandié. Même peine pour Fotsing Raphaël, agent de liaison entre Ouandié et Mgr Ndongmo.En ce qui concerne le procès dit du complot, Mgr Albert Ndongmo, considéré comme l'« instigateur du complot de coup d'Etat », fut aussi condamné à la peine de mort. Tabeu Gabriel dit « Wambo-le-Courant », perçu comme le fondateur et responsable politico-militaire avec Mgr Ndongmo du mouvement de la « Sainte Croix pour la libération du Cameroun », fut également condamné à la peine de mort. De même que Takala Célestin, commerçant à Douala. Les trois personnes furent condamnées pour s'être rendus coupables d'avoir, à Douala et à Yaoundé, « organisé et commandé une bande armée dans le dessein de renverser le régime et d'assassiner le chef de l'Etat et ses proches collaborateurs ». Le président Ahmadou Ahidjo avait commué les peines de mort prononcées contre Mgr Albert Ndongmo, Takala Célestin et Njassep Mathieu en détention à vie. Ernest Ouandie, Tabeu Gabriel et Fotsing Raphaël furent fusillés sur la place publique à Bafoussam, le 15 Janvier 1971.
Un communiqué de la présidence de la République à l'époque des faits s'étonnait de ce que « depuis l'annonce des verdicts du tribunal militaire permanent de Yaoundé, certains milieux extérieurs qui ne se sont jamais souciés des problèmes du Cameroun s'intéressent subitement au sort des condamnés (...) ». Ce communiqué soulignait que « Les procès sur la rébellion et le complot contre la sûreté de l'Etat se sont déroulés en présence d'observateurs internationaux qui ont pu se rendre compte qu'ils se sont déroulés dans de parfaites conditions de sérieux, de liberté et de régularité ».
Machination
Les observateurs concernés étaient Guisseppe Caessano, vice-président de l'association italienne des juristes catholiques représentant Pax Romano, Me Martin Acharé, ancien bâtonnier genevois, représentant la commission internationale des juristes et Me Louis Pettiti, avocat à la cour d'appel de Paris, représentant le Mouvement international des juristes catholiques et le centre de la paix mondiale pour le droit. Vingt-cinq acquittements furent prononcés pour ces deux procès – dix pour la rébellion et quinze pour le complot.
Evêque de Nkongsamba, directeur de publication du journal l'Essor Des Jeunes et co-fondateur de la société Mungo Plastique, Mgr Albert Ndongmo fut arrêté le 27 Août 1970 à Douala, à peine arrivé au Cameroun, de retour d'un séjour de deux semaines à Rome, alors qu'il s'apprêtait à diriger la prière du soir dans l'enceinte de la procure des missions. Son séjour romain lui avait permis de donner au Pape des explications sur les rumeurs le concernant. Il avait précisé qu'il était victime d'une machination.
Mgr Ndongmo avait immédiatement été conduit à Yaoundé. Félix Sabal Lecco, ministre de la justice, assumant l'intérim du ministre d'Etat chargé des Forces armées et parlant en cette qualité, avait fait une déclaration historique à la presse nationale et internationale représentée à Yaoundé : « (...) J'ai jugé utile au nom du gouvernement, de convoquer les correspondants de presse que vous êtes, pour vous entretenir de l'arrestation récente de Mgr Ndongmo(...) Etant donné le caractère exceptionnel de l'évènement, le gouvernement a jugé opportun d'utiliser également une procédure exceptionnelle pour, à travers vous, informer largement l'opinion. En Mai 1969, nos services de sécurité ont découvert un complot visant à assassiner le chef de l'Etat pour ensuite renverser nos institutions ».
Poursuivant son propos, Félix Sabal Lecco ajoutait que : « L'interrogatoire des conjurés a gravement mis en cause Mgr Ndongmo et a particulièrement mis en relief son action dans la conception, la direction et la mise en œuvre du complot(...) Il y a quelques jours survenait la capture du chef rebelle Ernest Ouandié dans le Mungo. Des déclarations de l'intéressé en cours d'interrogatoire ainsi que les documents trouvés sur lui, ayant établi de manière claire la complicité active depuis de longues années de Mgr Ndongmo avec la rébellion, le gouvernement a décidé d'arrêter celui-ci et de le traduire devant les tribunaux où il devra répondre de ses actes. »
« Apprentis sorciers »
Mgr Ndongmo s'était retrouvé devant la barre du tribunal militaire de Yaoundé quatre mois après son arrestation, des menottes aux poignets. De nombreuses motions de soutien au régime d'Ahidjo, et des appels à une sanction exemplaire pour « les apprentis sorciers » étaient lus à la radio d'Etat. Ces appels visaient Mgr Ndongmo et 76 autres personnes arrêtées. Mgr Ndongmo était considéré comme l'aumônier du groupe de prière dénommé « La Sainte Croix ». Groupe supposé nourrir l'ambition de fomenter un coup d'Etat avec l'aide des Anges. Mgr Ndongmo s'était exclamé au tribunal : « Monsieur le président, comment pouvais-je ? Je suis un homme d'Eglise et pas un soldat ».
Le remplacement devait s'effectuer à l'issue d'une lutte mystique au cours de laquelle des Anges eux-mêmes devaient agir. Certains observateurs situent l'action véritable des anges entre le jeudi 4 novembre 1982, jour de la démission d'Ahmadou Ahidjo de ses fonctions de président de la République et le samedi 6 novembre 1982, l'accession à la magistrature suprême de Paul Biya !