Violence scolaire : quand l’amour fait rage

Désormais, on meurt sous des coups de couteau pour des différends amoureux. La violence scolairen’augmente pas en quantité mais en gravité des faits

Janvier 2010 : Hakim, 18 ans, était poignardé à mort dans l’enceinte de son lycée du Val-de-Marne pour « unerivalité amoureuse », car il « tournait autour de la soeur »de son agresseur. Septembre 2010 : Teddy, 17 ans, était tué d’un coup de couteau devant son lycée, en Martinique, car il aurait insulté la petite amie d’un de ses agresseurs.

Le 20 juin dernier, c’est à Florensac, dans l’Hérault, que Clara, 13 ans, était victime d’une mise à tabac mortelle par le frère d’une de ses camarades. Les deux jeunes filles étaient amoureuses du même garçon et la tension était telle qu’elles en étaient venues aux mains après des insultes via Facebook. La rivale de Carla ne venait plus en cours et avait fini par déposer plainte. Trois heures plus tard, son frère de 14 ans se vengeait, provoquant la mort de l’adolescente, qui succombera aux nombreux coups portés à la tête, dont un uppercut sous le menton, provoquant plusieurs arrêts cardiaques. Dans l’impuissance générale, les jeunestuent par amour, au sein-même de l’école.

La faute à qui ?

De plus en plus jeunes, de plus en plus violents. Dans ces affaires, à quelques mois d’intervalles les unes des autres, une question revient sans cesse : la violence a-t-elle augmenté chez les mineurs ? Ou s’agit-il seulement d’un phénomène de médiatisation ? Chacun y va de son commentaire.

Concernant les invectives sur les réseaux sociaux, l’AFP révèle les propos de Patrick Mathé, procureur de la République de Béziers, qui « dénonce ces communications sur Facebook entre adolescents », sur lesquelles les parents n’ont pas forcément prise. « On a le sentiment, surtout à cet âge-là, qu’ils vivent dans un univers parallèle et je pense que c’est ce qui explique ce passage à l’acte si violent », a déclaré M. Mathé. Pour Nadine Morano, « l’augmentation de l’ultraviolence » est liée au  « développement de certains films très violents ou de certains jeux vidéos ». Luc Chatel évoque quant à lui « une banale histoire de coeur qui a mal tourné »  et dénonce le « cyber-harcèlement ».

« Une banale altercation peut dégénérer en meurtre »

Entre États généraux de la violence, équipes mobiles de sécurité et caméras de vidéosurveillance, l’Etat sort le grand jeu pour rassurer les parents. D’après un récent sondage CSA, 87 % d’entre eux pensent que la violence scolaire est en hausse, et 46 % craignent d’envoyer leur progéniture à l’école. On sécurise les établissements dit « difficiles », et pourtant, à Florensac, rien ne laissait présager un tel drame. Le ministreaffirme qu’avec seulement quatre incidents graves pour 1000 élèves par an, « la violence physique recule » à l’école, mais admet une « escalade » dans la gravité des agressions. « Une banale altercation peut dégénérer en meurtre alors qu’elle aurait terminé en bagarre il y a quelques années », déclarait-il lors de sa visite àFlorensac.

Selon la chancellerie, en 2009, 73 958 mineurs ont été jugés, dont 353 pour crime, et au 1er mai dernier, 792 étaient détenus. Selon le ministère de l’Education nationale, l’âge moyen des élèves auteurs de violences pour l’ensemble du second degré est de 14 ans et demi, et au collège, la moyenne tombe à 13,7 ans. Les filles ne sont impliquées que dans 18 % des cas.

Comment éradiquer la violence scolaire ? C’est la question que l’on se pose dans Face aux jeunes, avec : - Benjamin Moignard, auteur de « L’école et la rue : fabrique de délinquance » - Vincent Voillequin, professeur d’EPS au lycée Adolphe Chérioux - Massira Barardji, porte parole de la Fidl - Cyprien Feilhes, porte parole de l’Uni lycée.

Retrouvez, sur MCE, le spécial Face aux Jeunes : comment éradiquer la violence scolaire ?

Lauren Clerc