Je ne vais pas me faire que des amis avec ce que j'exprime, mais je me dois de constater que je perçois beaucoup d'amour, de sincérité et de sensibilité dans l'interview que Carla Bruni-Sarkozy a accordée à L'Express, dans l'édition qui paraît ce jour en kiosque.
Quelques extraits choisis, et quelques commentaires de ma part. En restant le plus objectif possible.
A Pétra, après quarante-cinq minutes de marche, j'étais épuisée à force de porter mon fils; Nicolas l'a pris sur ses épaules, et j'ai apprécié ce geste sans réfléchir. Quand j'ai vu les photographes qui étaient là, j'ai dit à mon fils de se cacher le visage, parce que je pensais qu'il valait mieux qu'il ne soit pas reconnaissable sur les clichés. Mon erreur a été de ne pas prendre la mesure de ce qui allait arriver, de ne pas réagir assez vite lorsque j'ai vu les 600 photographes réunis soudainement.
Du degré de manipulation dont certains medias sont capables, ayant élaboré au tour de cette photo les hypothèses les plus farfelues, et de préférence les plus dévalorisantes.
Très jeune, j'ai appris une chose: l'endroit d'où parlent les médias n'est pas celui où je suis. Ce qui ressort dans les médias et ce que je vis sont deux choses distinctes. Le résultat d'une exposition médiatique est toujours imprécis et souvent inexact, ce n'est pas très grave. Ce qui est grave, on le sait, serait que les médias ne soient pas libres. Dans notre pays, ils le sont, et c'est tant mieux. En arrivant à Pétra et en découvrant soudainement, au détour de la dernière gorge, les photographes et les cameramen, j'ai compris que, si on les empêchait de travailler, il serait dit que Nicolas se comportait de façon dictatoriale.
L'on assiste ici quasiment à un précédent. Soit Sarkozy laisse les medias s'immiscer dans sa vie privée, et ils en élaborent une sorte de "dictature éditoriale". Soit il fait barrage, et c'est lui le dictateur. De mémoire, aucun autre Président de la République, au moins sous la Vème, n'a eu droit à ce genre de traitement (pour le moins particulier).
J'ai tout de suite eu envie de l'épouser. Il me semble qu'avec lui, rien de grave ne peut arriver. Nicolas n'est pas accroché à son pouvoir et c'est ce qui le rend courageux. J'aime être avec lui plus que tout. Auprès de lui a disparu une inquiétude que je ressentais depuis mon enfance.
Carla enfonce le clou et démystifie le Sarkozy assoiffé de pouvoir, anxiogène, etc.
Je n'ai pas changé d'avis sur les tests ADN, mais on peut parler avec Nicolas, qui aime la discussion et la contradiction. C'est le contraire d'un homme figé. Ce n'est pas l'idée que je me faisais d'un président de la République, que j'imaginais comme un bloc de certitudes.
Ou comment faire taire les manichéens qui pensent qu'un homme de droite ne peut pas épouser une femme de gauche (ou inversement).
Les gens considèrent, à juste titre, que le travail d'un président doit s'effectuer vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je vous confirme qu'il en est ainsi. Il a pourtant besoin d'une part, même minuscule, de vie normale, comme nous tous. Ce qui est saisissant pour moi, qui vois tout ça de près, c'est le contraste entre le peu de temps libre dont il dispose et l'impression scandaleuse que cela provoque. C'est ainsi que des journaux "sérieux" me confondent avec le pouvoir d'achat...
Peut-être bien la partie la plus intéressante de l'interview. Les Français n'ayant pas récupéré instantanément un pouvoir d'achat énorme suite à l'annonce des mesures, c'était forcément à cause des vacances du couple. Les citoyens qui pensent cela ne sont pas déçus, ils sont jaloux. Et certains medias les maintiennent dans cette aigreur.
Quoi qu'en pensent certains, ce billet, tel que je l'ai rédigé, n'est pas un billet pro-Sarkozy. Je me suis seulement essayé à faire la part des choses. Vous ne m'avez jamais vu critiquer la vie privée du Président, et ne me verrez jamais le faire. Je reste en revanche critique quant à son action présidentielle, avec toutefois le recul nécessaire. Et j'ai déjà eu l'occasion, sur ce blog, de m'exprimer à ce sujet :
- Je me sens trahi
- Une nouvelle taxe pour polluer les esprits
Je me garderai en revanche, pour le moment, de juger Nicolas Sarkozy sur la question du pouvoir d'achat. Les leviers destinés à améliorer ce dernier viennent d'être actionnés, et quiconque comprend un tant soit peu le b-a-ba de l'économie sait qu'il y a un effet d'inertie dans ce genre de mesures.
En vérité, sauf à ce que d'autres mesures interviennent qui me semblent contraires au bon sens ou aux engagements de Sarkozy pendant sa campagne, je ne ferai le bilan de son action que vers la fin de l'année 2011. Savoir faire la part des choses avec le recul nécessaire, c'est aussi cela, être un homme libre.
Qu'il soit enfin rappelé qu'ayant voté pour lui aux deux tours des présidentielles, je reste encore convaincu, en l'état actuel des choses et malgré les quelques déceptions que j'ai exprimées, que des deux choix possibles au second tour, il était le meilleur.
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