Pourquoi cet emballement, qui s’aiguise, de Jean-François Copé au nom de l’UMP à propos de l’organisation de la primaire « ouverte » au PS ? Une étape a été franchie puisque l’UMP se fend d'un tract qui dénonce un « fichage politique » Pourquoi cette irascibilité exponentielle ?
La réponse se fondant sur une hypothétique « frustration » d’un UMP incapable d’organiser un tel exercice démocratique paraît un peu courte. Les situations des deux partis de gouvernement ne sont pas identiques.
La situation à l’UMP est ainsi radicalement différente puisque le sortant Elyséen est issu de ses rangs. Ceux qui, dans cette formation politique, n’adhèrent plus à ses pratiques, à sa manière d’exercer le pouvoir ou à son programme, ne se privent d’ailleurs pas de quitter les rangs de ce grand magma sans véritable réalité et de reprendre une certaine liberté qui leur permettra, éventuellement, d’être présents au premier tour (Borloo, Villepin, Dupont Aignan et dernièrement Boutin …) Les États-Unis sont souvent donnés en exemple quand il s’agit de justifier les primaires : le parti démocrate va-t-il en organiser une véritable en face d’Obama, du style pur et dur, comme celle qui l’opposa à Hillary Clinton ?
Y aurait-il donc une vraie question concernant les fichiers ainsi établis à l’occasion de ces primaires ?
Balayons d’emblée les promesses de destruction, "par le feu", devant huissiers, que profèrent certains responsables socialistes, c’est véritablement nous prendre pour des gamins. A l’intérieur d’une collectivité locale quelle qu’elle soit ce n’est pas le fichier lui-même qui aura une importance éventuelle, mais le fichier « en creux », celui de ceux qui n’auront pas participé : fichier immatériel, indestructible par les flammes.
Il est bien connu qu’entre les deux tours d’une élection, trop souvent les élus en place menacés ou ceux qui pensent pouvoir l’emporter demandent à leurs militants d’aller consulter les listes d’émargements pour essayer de constituer le fameux fichier en creux des abstentionnistes du premier tour : le téléphone se met ensuite en marche pour essayer de motiver les réticents : l’exercice n’est pas sans danger psychologique, mais pratiqué bien souvent. Ainsi ceux qui, exerçant dans une collectivité territoriale tenue par la gauche, n’iront pas voter à la primaire rejoindront qu’on le veuille ou non cette « liste de ceux à stimuler » ! A contrario, que dire du militant socialiste plus ou moins inavoué, travaillant dans une collectivité tenue par l’UMP, et qui voudrait participer à la désignation de son candidat ? Il y aurait bien une solution toute simple et qui supprimerait toute « tension » possible au sein des collectivités territoriales : que le PS rende ce vote impossible pour tous les agents de ces collectivités.
Une telle disposition ne règlerait pas la question générale mais dédramatiserait son exercice au sein de ces collectivités, car soyez-en certains, cette interrogation chez bon nombre de « territoriaux » existe bel et bien.
Il apparait ainsi que ce nouvel exercice démocratique proposé par le PS n’est effectivement pas sans défauts, mais que la démarche de l’UMP peut apparaître très surdimensionnée par rapport aux véritables enjeux avoués. Son véritable but ne serait-il pas de de décourager le plus possible d’électeurs potentiels à cette primaire pour ensuite en diminuer l’impact psychologique indéniable si la participation s'y avérait très élevée ?
[AgoraVox a publié cette note]