Sarkozy fait chuter Obama !

Publié le 23 juin 2011 par Fcollette

“Et maintenant ? Encore plus d’incompétence et d’improvisation ? pendant plusieurs mois encore ?”. Si cette remarque était extraite d’un article commentant l’action de Nicolas Sarkozy, ce serait banal tant la nullité et l’inconsistance de l’actuelle présidence de la France est communément admise et décrite à longueur de colonnes. Mais non, il s’agit ni plus ni moins d’un extrait d’un article du Washington Post ( http://www.washingtonpost.com/opinions/libya-and-the-potemkin-alliance/2011/06/17/AGdQ2UZH_story.html ) consacré à la stratégie libyenne de Barack Obama, Président des Etats-Unis.

Il faut dire que la guerre de Libye, lancée par un Nicolas Sarkozy transformé en chef de guerre depuis le perron de l’Elysée, s’est transformé en véritable cauchemar pour ceux qui se sont embarqués avec lui dans l’aventure.

Sur le terrain, c’est l’enlisement depuis de longues semaines déjà. Pire que ça, dans les trois derniers jours, l’OTAN à été obligé de reconnaitre officiellement pas moins de deux bavures, mettant à bas sa communication officielle sur la précision “chirurgicale” de ses bombardements, ainsi que la disparition d’un des drônes de l’armée américaine.

Entre l’OTAN et les rebelles, c’est l’incompréhension totale, ces derniers considérant l’OTAN comme faisant partie intégrante de la rébellion et devant assurer le soutien aérien des opérations au sol ( http://www.time.com/time/world/article/0,8599,2078831,00.html ). Cette confusion étant largement entretenue par le flou de la stratégie choisie par la “coalition” qui consiste d’un coté à prendre partie en ne bombardant que les forces gouvernementales libyenne et d’autre part à assurer un semblant de respect de la résolution 1973 de l’ONU en ne participant pas directement aux opérations des forces rebelles.

Pas de doutes, dans ces conditions, que si les choses devaient mal tourner pour la rébellion, ou si simplement il fallait finir par négocier un accord avec le pouvoir Libyen, le rebelles auraient l’impression d’avoir été lâchés par la coalition et en tireraient les conséquences.

A cela, il faut ajouter que l’intervention en Libye, jugée illégale par la plupart des pays du monde, est maintenant le vecteur d’une forte dynamique de rapprochement des pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), auquel vient de s’ajouter le nouveau poids lourd africain : l’Afrique du Sud, qui tous trouvent dans leur opposition aux bombardements de l’OTAN, une raison de se rapprocher et de défendre un autre ordre mondial.

Humiliation supplémentaire pour les Etats-Unis, la coalition à été obligée d’aller chercher la Russie pour tenter de se sortir du bourbier libyen, donnant à celle-ci une occasion de retrouver une place importante dans l’espace diplomatique du moyen orient, en se présentant comme une puissance ‘non ingérente’ ( http://www.csmonitor.com/USA/Foreign-Policy/2011/0617/As-West-labors-in-Libya-and-Syria-Russia-seizes-an-opportunity/%28page%29/2 ).

De son coté, la Chine elle aussi a décidé de s’impliquer sur le plan diplomatique, alors que traditionnellement elle reste en dehors de ce type de situation conflictuelle. Elle a ainsi rencontré ces derniers jours successivement le Ministres des Affaires Etrangères libyen, puis le chef du Conseil National de Transition, l’organe politique de la rébellion.

Au passage, il faut souligner que la Chine comme la Russie, soutiennent et défendent le plan de paix proposé par l’Union Africaine, renforçant ainsi leurs liens avec les pays d’Afrique et posant de véritables fondations pour les relations à venir.

Cerise sur la gâteau, cette dynamique s’étend maintenant en Asie Centrale, à travers le Shangaï Coopération Organisation, dans lequel se retrouvent entre autres la Russie, la Chine et l’Inde, qui se positionne de plus en plus comme une autre OTAN. Le passage du Pakistan sous la protection de la Chine est un premier exemple. Rapidement l’Afghanistan devrait lui aussi rejoindre le SCO signant l’exclusion totale de des Etats-Unis de la région, alors même que celle-ci est une des plus riches du monde en termes de ressources naturelles ( http://www.atimes.com/atimes/Central_Asia/MF18Ag01.html ).

D’un coté l’agitation d’un Sarkozy en mal de sondage, secondé par le philosophe de salon Bernard Henry Levy, de l’autre des gens qui conduisent des stratégies géopolitiques dans la durée, Barack Obama doit aujourd’hui cruellement réaliser qu’il n’a pas fait le bon choix sur cette aventure Libyenne totalement improvisée.

Exclu de l’Asie Centrale, poussé dehors de l’Afrique, le monde se réduit de plus en plus pour l’empire Etats-Unien laissant craindre au passage une réaction violente de sa part. Sa domination étant de plus en plus exclusivement liées à sa puissance militaire et de moins en moins à l’adhésion à ses valeurs et à son modèle de société.

Justement, du coté de sa puissance militaire, ce n’est pas la fête non plus et l’OTAN est au bord de l’explosion. Tension entre les Etats-Unis et les autres membres, le premier reprochant aux autres de ne pas suffisamment investir dans leurs moyens militaires. Tension entre les membres autour de cette intervention Libyenne qui est loin de faire l’unanimité.

Enfin, du coté de l’ONU, c’est maintenant le blocage complet. Prenant exemple du détournement de la résolution sur la Libye, la Russie a déjà bloqué toutes les résolutions sur le Yemen, et affirme qu’elle opposera son véto à toute résolution sur la Syrie. Cette situation créant un énorme problème à un Barack Obama qui souhaite marquer sa différence avec l’ère Bush et qui affirme que les Etats Unis n’interviendront que dans le cadre d’une résolution du Conseil de Sécurité, et qui se trouve donc mis dans l’incapacité d’agir, sauf à se déjuger.

Tout ceci est donc loin de faire l’affaire de Barack Obama dont le choix d’impliquer ses troupes dans l’intervention libyenne est de plus en plus contesté chez lui. Dans les journaux d’une part, mais aussi au Congrès et à la Chambre des Représentants, les interrogations fusent sur le pourquoi et le comment de cette nouvelle guerre. Des représentants issus des républicains comme des démocrates lui reprochant de plus, d’avoir engagé des opérations de guerre sans les avoir consultés et qui pourraient bien voter pour mettre un terme à l’aventure.

Tout se passe comme si Barack Obama avait été contaminé par Sarkozy, et le voilà lui aussi accusé d’inconséquence et d’improvisation. 2012 est pour tous les deux une année électorale. Sarkozy entrainera-t-il Obama dans sa chute ?

On pourrait en rire, le problème c’est que Nicolas Sarkozy est vraiment le Président de le France, et ce pour plusieurs mois encore. !