“Non mais cette affiche, on dirait une illustration pour des steaks de Dindonneau” Un commentaire sur Twitter le 21.06.2011
L’association “Osez le féminisme” a lancé une campagne d’affichage dont la controverse va au-delà des luttes intestines aux mouvements féministe, des jalousies ou des règlements de comptes politiques. À se demander si les instigateurs du projet ne voulaient pas saborder purement et simplement la cause. La trichromie placardée sur les murs de la capitale, par son aspect “cheap”, ses traits simplistes, presque naïfs défient les canons de la communication politique moderne. Car au premier abord, “Osez le clito” par ce design archaïque rappelle une affiche d’agit-prop gauchiste. Dans le slogan, l’image, hors du réel. Pas de quoi, apparemment, fédérer autour du sujet : “Le plaisir féminin”. Pourtant, cet idéogramme en forme de maison au centre du monde, tout à fait inattendu, remplit parfaitement sa mission. Faire parler, choquer. En d’autres termes, oser (faire) aborder le sujet.
De là à affirmer que l’affiche “Osez le clito” touche juste ? En tout cas, elle produit un effet. En écartant le consensus esthétique globalisant. Si on se donne la peine d’y voir autre chose qu’une publicité pour de la viande. Dans un Spectacle qui confond trop souvent belles représentations de choses et représentations de belles choses. En l’occurrence une symbolique imparable grâce à quelques traits. Comme l’éloge au minimalisme dans un trop-plein de glamour sur papier glacé. Cette affiche alors n’est ni archaïque, ni moderne, mais dans la gueule du spectateur.
Le féminisme est politique, de gauche, progressiste et subversif. Car il s’agit d’aller à l’encontre des forces de dominations sociales. Qui ont colonisé la plupart des vecteurs informatifs. Trouver donc un interstice de communication dans la logorrhée visuelle contemporaine relève du challenge. Loin du consensus, cette campagne, néanmoins, permet d’entrer dans la problématique du plaisir strictement féminin (et au regard de celui de l’homme). Pour ne plus s’en foutre.
Vogelsong – 22 juin 2011 – Paris