Il y a encore quelques personnes qui sont favorables au sauvetage de la Grèce : les eurocrates, les banquiers, les diplomates, quelques sociaux-démocrates perdus. En fait, j’ai passé ma journée d’hier à les croiser dans des discussions sur les plateaux télé et radio, où nous étions invités pour débattre. En conséquence, je pense que j’ai entendu à peu près tous les arguments en faveur de cette politique. Ils peuvent être résumés ainsi :
1. Les banques européennes, incluant les banques anglaises, vont perdre de l’argent si le gouvernement grec ne rembourse pas ses créditeurs.
2. Un défaut empirerait la situation grecque, entraînant instabilité et émigration.
3. Une faillite grecque porterait préjudice à la zone euro, dont le succès tient à coeur de la Grande-Bretagne.
Occupons-nous de ces arguments l’un après l’autre.
En ce qui concerne le premier, il est vrai que les banques européennes, notamment françaises et allemandes, sont exposées. Et alors ? Si nous devons absolument sauver ces institutions, ce serait plus simple de leur donner directement l’argent plutôt que de l’envoyer pour un petit voyage touristique par Athène. Pourquoi, en outre, les contribuables devraient-ils continuer à subventionner des individus déjà fort riches ? N’avons-nous rien appris des précédents sauvetages bancaires ?
Pour le second argument, certes, une banqueroute n’est jamais indolore. Quelle est cependant l’alternative ? La politique actuelle cause déjà de l’instabilité et de l’émigration, sans qu’aucune fin ne soit visible. Il est vrai qu’une faillite signifierait que l’État Grec serait incapable d’emprunter plus d’argent. Et le problème de ceci serait… ? C’est l’échec des gouvernements à vivre à hauteur de leurs moyens qui a causé tout ce bazar.
La troisième objection est de loin la plus idiote. Oui, la Grande-Bretagne a à coeur la prospérité des pays qui utilisent l’euro : ils représentent presque la moitié de notre commerce. Et il est démontré que ce n’est pas dans leur intérêt d’être englués dans une union monétaire qui impose des transfers fiscaux massifs. L’euro s’avère être très cher pour les contribuables des grands pays de cette zone et calamiteux pour les travailleurs des petits.
Pour me répéter, oui, une faillite arrive. La seule raison de repousser l’échéance est de transférer toutes les responsabilités privées vers le secteur public, de telle façon que la facture soit payée par les contribuables. Le plus tôt la Grèce quitte l’euro et retrouve la croissance, le mieux ce sera pour tout le monde.
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