(Réflexion sur l’internet en tant qu’outil de création collectif spontané révolutionnant enfin l’ART)
Partie I (ennuyeuse)
A ma droite, nous avons l’AAART : les galeries, les gens De Bonnes-familles, les curateurs qui aiment changer de robe à chaque vernissage, les évènements « sen-sa-tio-nels » et les happenings tellement osés. Ici, rien ne bouge, rien de grave : une chiotte à l’envers reste le top de la référence du future fait d’anti, de néo, de post. La fête quoi.
A ma gauche, le reste.
Le bruit se mélange à la variété Drucker, le peintre en bâtiment avec l’artiste conceptuel, le vijiing avec les installations, les trucs à la mode deviennent ringards le temps d’en prendre connaissance…: bref, comme dans ce texte, on n’y comprend rien. Le punk, les tags, les séries tv des années 80, la science fiction, faire sa maison en boite d’œuf, filmer un homme qui meurt, monter un groupe de folk…c’en est ? (se dit-on en secret).
Dernière étape particulièrement perturbante : INTERNET !
1) Entraînant la planète dans une partouze géante inimaginable il y a 15 ans, la toile s’est mise à faire se télescoper tout ce qu’elle pouvait. TOUT le monde se retrouve à penser à voix haute dans une seule pièce (un mur en fait), et chacun peut montrer en un temps record sa dernière création. Le tout pour un montant de : zéro dollars. Cette création peut donc être insignifiante et multipliée à l’infini.
2) Suivant le concept warholien du quart d’heure de succès, ces manifestations cheap et spontanées sont vues par 1 000 000 de personnes alors que Johnny peine à en faire autant dans sa tournée des stades.
Résumé.
Internet = n’importe quoi a plus de succès que Johnny.
Euh…. C’est bien ou c’est mal ?
Ces phénomènes interplanétaires sont appelés « Mèmes ». Vous savez, ces blagues internet déjà vues que le copain de votre copain vous envoie. Et aussi, ces pétitions indignées de votre ami politisé. Et puis aussi le mail qui dit que ce mail politisé était un faux.
Mais surtout les vidéos.
Celle, de mauvaise qualité, de cet enfant de 4 ans déjà grand-père en Papouasie Nouvelle Guinée…. les clips, les captations de spectacles (surtout les moments spectaculaires…), les reprises de chansons par votre voisin dans sa chambre, Titanic en moins de 5 secondes, les coups de gueules, les tests d’outils ménager, le spectacle de fin d’année de Jennifer 4 ans, les vidéos qui se moquent et imitent la vidéo du spectacle de fin d’année de Jennifer 4 ans, les « comment ? » : souder des câbles XLR, faire un massage thaï, cuisiner les artichauts…
Et puis la boucle se boucle : les blagues que l’on met sur le net deviennent l’inspiration pour clips musicaux (exemple fameux) dont l’objectif nouveau est de faire le tour de la toile rapidement.
Dernière étape, les commerciaux intéressés par cette efficacité s’en vont faire des trucs prétendument spontanés au parfum « fait par le voisin ».
Tout ça a 1000 fois plus de succès que Rothko, pourtant soutenu par le ministère de la culture: scandale, non ?
Mais… c’est quoi ? (sous entendu.. de l’art ?)