« Tu me quittes, je te tue... » Le crime de sang est impardonnable, mais une émotion l’humanise aux yeux des jurés : l’amour fou, seule force à pouvoir concentrer les sentiments à la pointe aiguë d’une seconde hors du temps… Qui est à l’abri ? Voici trois histoires vraies, librement inspirées des films tournés par Mireille Dumas ces dernières années, fidèles aux faits divers d’origine, infidèles à leur calendrier, maquillées quant aux états civils. L’authenticité, notre but, à Mireille Dumas et moi-même, sous-tend la beauté des mots, inséparable d’une histoire évoquée par ceux qui l’ont vécue. Des meurtriers, oui – des gens comme tout le monde et des meurtriers. Pourquoi les pensions-nous différents du commun des mortels ? Pourquoi les comprenons-nous si bien ? Comment s’imaginer dans un tel pétrin ? Ce qu’il a fait, l’aurais-je fait à sa place ? Pourrais-je donner la mort ? M. D. et Y. Q.
Ce n'est pas un roman et pas vraiment la retranscription de récits, mais plutôt le témoignage des auteurs qui ont interviewé ces trois personnes condamnées pour assassinat. Trois assassins donc, trois personnes meurtries, défaites, qui ont tué par amour, pour trop d'amour ou du "mal" amour.
Ces récits ne tombent jamais dans le pathos et les auteurs non plus dans le voyeurisme, ce que je craignais un peu au départ. L'émotion affleure avec les souvenirs récents ou très anciens de ces deux femmes et de cet homme qui doivent maintenant payer leur dette à la société pour avoir donné la mort. Les remords aussi, les regrets des mots pas ou mal dits, incompris, de la vie qui n'a pas pris le tournant escompté, de l'enfance malheureuse qui n'excuse pas mais explique bien des choses, des erreurs, et de ce geste fatal qui les a conduit en prison.
Sans pour autant les absoudre, on les comprend, on peut même compatir à leur situation, car il est des vies si difficiles, des situations si délicates que j'imagine aisément qu'on ne puisse plus s'en sortir, qu'on n'ait plus la force, plus d'idée de solution à trouver et que seule la mort, même si c'est celle de l'être aimé, résoudra -momentanément- les problèmes, délivrera de la haine, de la manipulation, de la souffrance. Un geste suffit, une seconde de folie où l'on ne se contrôle plus et la vie bascule, on devient fou, fou d'amour, fou à en tuer. Parce que le regard de l'autre, celui que l'on aime si passionnément devient dur, parce qu'on ne se sent plus aimé, parce qu'on ne sait plus comment sortir de la spirale du mal qui rode...
Alors oui, ces gens ont tué, mais voyez-vous, je les ai compris. Et peut-être que, dans de telles circonstances, moi, vous, nous aurions été amenés à commettre nous aussi ce même geste fatal qui fait ensuite basculer une vie complète.