Juanes n’est plus à présenter. Certes, le succès qu’il a obtenu en France avec « La camisa negra » fut aussi colossal que celui qui le touche depuis l’album qui précédait ce tube : Un Día Normal s’était vendu à plus de cinq millions d’exemplaires dans le monde, de l’Amérique latine à l’Espagne, sans oublier les Etats-Unis). Un succès aussi phénoménal car davantage de pays encore le découvraient avec Mi Sangre. Jamais deux sans trois, son album suivant, le quatrième, répéta une nouvelle fois toutes les attentes : La Vida… Es Un Ratico continua de faire de Juanes l’une des personnalités les plus influentes dans le monde, cela pour sa prise de parole et son activisme notamment dans sa Colombie de toujours, tout en récoltant encore de nombreux disques de platine dans le monde.
Il est également inutile de comptabiliser les innombrables prix qu’il a reçus à ce jour en à peine une dizaine d’années, avec comme couronnement le plus enorgueillissant pour un artiste « latino » dans l’univers musical occidentalisé et, donc, anglo-saxon : les Latin Grammy Awards décernés chaque année à Miami, en Floride.
P.A.R.C.E., son cinquième travail, était sorti en décembre 2010 avec d’abord dix titres, avant d’être par la suite augmenté et de voir deux nouveaux titres ajoutés au tout début de l’album dans une version dite « de luxe ». Il a été enregistré à Londres
D’abord, une explication lexicale : en effet, le vocable « parce », abréviation de « parcero », est un colombianisme signifiant « ami ». Son apparition en titre et sous forme d’un acronyme lui donne davantage de signification et surtout d’impact.
« Amigos » est un très beau titre d’ouverture, un écho parfait au titre de l’album. Si le thème de l’amour est un classique dans l’art en général, celui de l’amitié l’est déjà beaucoup moins en musique. « Yerbatero » avait été le premier single du disque, en sortant plusieurs mois avant la sortie de P.A.R.C.E. dont il n’annonçait pas forcément la couleur, bien que ce soit, après des écoutes répétées, un excellent choix de single !
La suite propose du classique chez Juanes : des morceaux entraînants (« La soledad », le très fête de village « Segovia », « Todos los días » ou encore le deuxième single « Y no regresas »), ou plus apaisés (« La razón », « El amor lo cura todo », « Esta noche »).
Le sommet de l’album est sans hésitation « Lo nuestro » avec un climax bouleversant en fin de titre ! Juanes n’avait probablement pas composé un tel morceau depuis ceux de Un Día Normal. De plus, est-ce une évolution ou cela est-il dû à la production qui est sans faute, jamais la voix de Juanes n’avait sonné si juste et si personnelle, et ce constat est évident sur « Lo nuestro », « La razón » ou « El amor lo cura todo ».
La version De luxe commence sur deux très bons morceaux : il ne s’agit vraisemblablement pas de bonus au sens traditionnel (donc, commercial) du terme, mais de deux véritables morceaux qui auraient tout simplement du être immédiatement incorporé à l’œuvre finale. « Quimera » et le troisième single promotionnel, « Regalito ». Il semble alors probable qu’ils aient été soit écrits soit enregistrés alors que P.A.R.C.E. était déjà finalisé, tant le potentiel des deux est grand ; le premier aurait également pu être un nouveau single, et, de son côté, le second propose quelques nouveautés dans ses arrangements notamment dans son accompagnement de cordes tout à fait arabisant.
Si depuis ses débuts il est quasiment impossible de trouver de réels défauts dans ses albums, il faut bien avouer que cela est autant dû au talent d’auteur-compositeur-interprète de Juanes que de ses facultés à s’entourer des meilleures personnes lors de l’enregistrement ou la post-production de sa musique. Ici, alors que tout ses disques étaient habituellement réalisés entre la Colombie et les Etats-Unis, il est allé à Londres rejoindre le producteur Stephen Lipson, reconnu entre autres pour son travail avec les Rolling Stones.
Pour l’anecdote, Juanes avait utilisé son compte Twitter afin de demander à ses fans d’envoyer des photos portraits d’eux-mêmes, lesquels ont servi au photomontage de la couverture, célèbre procédé reprenant un grand nombre d’images afin d’en former une autre : en l’occurrence, le visage de Juanes.
(in heepro.wordpress.com, le 23/06/2011)
Tagged: Juanes, P.A.R.C.E., Stephen Lipson