« La peine de mort est (…) un sujet d’étude, en histoire, en littérature ou en philosophie (…). »
En effet, dans mon cas, cela a pris la forme d’une dissertation en seconde, et qu’on put ne serait-ce que penser qu’on puisse l’appliquer de nouveau nous semblait une aberration ! Bien sûr je savais que cela n’avait pas toujours été le cas et qu’il avait fallu attendre 1981 pour que la France l’abolisse définitivement. Mais c’était à peu près tout. Dommage que je ne sois pas tombé sur un tel livre alors à l’époque pour mieux me rendre compte des difficultés qu’il a fallut surmonter et surtout du lent cheminement pris dans les consciences pour en arriver là.
Si on peut imaginer que le combat fit rage dès les Lumières entre partisans de l’abolition et ceux de la peine capitale, on se doute moins des querelles qui ont secoué les abolitionnistes entre eux. Car, abolir la peine de mort est une chose, mais faut-il alors la remplacer par une peine tout aussi sévère ? Et si oui laquelle ? Qui puisse marquer les esprits si possible pour ne pas encourager les esprits criminels qui pourraient croire qu’on peut agir en tout impunité…
Mais avant d’arriver là, il a fallu se poser la question de savoir quel crime méritait la mort : le vol de quelque textile ou de nourriture valait-il d’être aussi sévèrement puni qu’un meurtre ? Fallait-il alors tuer immédiatement ou faire souffrir le coupable – donc le torturer – pour qu’il regrette ?
Autant de questions qui n’ont cessé de traverser les deux cents ans de combats de cette lutte, et que Jean-Yves LE NAOUR narre de manière limpide et non rébarbative, et rend la lecture vraiment passionnante ! On a parfois l’impression de se trouver aux côtés des philosophes ou des députés à qui cette idée tenait si chèrement !
Cet ouvrage permet aussi de prendre conscience de la force de l’opinion publique mais surtout de l’influence néfaste que peuvent avoir les medias dès le début du XX ème siècle pour vendre du papier. Sans oublier la pusillanimité des dirigeants et/ou des députés qui préfèrent flatter le bon peuple et le brosser dans le sens du poil pour se faire réélire plutôt que d’avoir le courage de voter une loi foncièrement juste mais terriblement impopulaire… Et on serait tenter de penser que décidément parfois rien ne semble changer sous le soleil…
Voilà un livre qui devrait être lu par tous leslycéens et que les professeurs devraient faire connaître ! Assurément aussi un bon moyen de passer le temps intelligemment si on ne sait pas quoi faire pendant les vacances !