Au Cameroun la musique ne nourrit pas son homme, à cause de nombreux problèmes.Plusieurs artistes, comme le déplore Jean Pierre Essome, passent tous leur week-end à chanter dans les cabarets pour une somme moyenne
de 3 à 4.000 Fcfa la nuit. Ce qui altère leur performance, et même leur physique. Ainsi, pour échapper à cette misère des cabarets, le papa de « Tchakala » arrondit ses fins de mois, comme employé à Camtel : « Moi je devais être dans mon studio à travailler mes chansons, au lieu d'être obligé de venir m'asseoir derrière ce bureau tout les matins afin de gagner ma vie » regrette Jean Pierre Essomè. Comme lui, Bothinder chante depuis 1976 dans les bars et hôtels. Quant à Alex Nickson, chanteur de techno reconverti très souvent en acteur dans des courts métrages, il se débrouille très souvent en vendant ses albums.La plupart des artistes approchés s'accordent sur le fait que c'est la piraterie qui est à l'origine de leur misère. D'après certains, le porte-à-porte leur permet de vendre près de 100 Cd tandis que les maisons de distributions sont à moins de 50 Cd vendus. Et pourtant d'après Bothinder : « n'eût été la piraterie, les artistes seraient les plus riches. Car si un artiste pouvait avoir seulement 100 Fcfa de bénéfice par disque vendu, pour un million de disques vendus, il aurait 100 millions de Fcfa. Il faut préciser que ceci est réalisable même pour l'artiste moyen si on se limite au marché Camerounais avec ses 20 millions d'habitants », affirme l'artiste.
Bicéphalisme
Il y a également les droits d'auteur qui pouvaient soulager les musiciens. Mais un certain bicéphalisme accable la gestion du droit d'auteur. D'un côté la Cameroun Music Corporation (Cmc) qui est reconnue par certaines sociétés privées. De l'autre côté, il y a la Société camerounaise de l'Art musical(Socam) qui dispose de l'agrément de l'Etat. Une situation qui crée des camps dans les rangs des artistes camerounais, réduisant ainsi leurs droits d'auteurs. À ce sujet, Jean Pierre Essomé dénonce : « le désordre qu'à causé le ministère de la Culture en retirant l'agrément à la Cmc et en légalisant la Socam a eu des répercussions terribles sur le vécu des artistes. Lorsqu'on sait que la Cmc faisait des répartitions régulières de 300 millions après chaque trois mois, et aidait les artistes à entrer en studio ».
Un autre moyen qui pouvait permettre aux artistes de vivre c'est le cachet des spectacles. Celui-ci est relatif à la popularité ou la notoriété de l'artiste. Ici, il existe aussi des fausses notes. Les spectacles sont rares, il y a peu de salles de spectacles et lorsqu'ils sont organisés les cachets sont insignifiants.
Organisation de spectacles
Par ailleurs, certains artistes se voient lésés lors de l'organisation des spectacles. Pour Jean Pierre Essomé : « il suffit de sanctionner celui qui achète une œuvre piratée au même titre qu'une personne qui gare mal dans la rue, et que les amendes soient ensuite reparties aux artistes. Pour ce qui est des Dj (Disque-jockey), qu'ils aient une carte renouvelable après une certaine période, leur permettant d'exploiter les œuvres musicales lors de leurs animations ».
Dans cette même lancée Leti's Diva, chanteuse de bikutsi, pense que : «le gouvernement devrait prendre des mesures fortes car on a beau brûlé les Cd, cela ne change pas grand-chose. Il faudrait aussi mettre sur pied une subvention directe aux artistes ». Et enfin pour d'autres si la gratuité de l'établissement de la carte nationale d'identité a été possible du jour au lendemain, il peut en être de même de l'éradication de la piraterie.