Wikileaks: Confidences de Paul Biya à Janet Garvey

Publié le 22 juin 2011 par 237online @237online

Écrit par Mutations   

Mercredi, 22 Juin 2011 15:46

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Les propos du président camerounais au cours de sa rencontre du 4 février 2010 avec l'ambassadeur des Etats-Unis ont été révélés.
Pas de preuves contre Inoni
Les personnes arrêtées pour corruption ne seront pas libérés tant qu'ils ne reconnaissent pas leur faute.

C'est ce que le président Paul Biya a avoué à Janet Garvey. Tout en se félicitant de l'appui des

Etats-Unis d'Amérique dans la lutte contre la corruption, le président camerounais a rappelé que les officiels corrompus avaient «volé beaucoup d'argent».
Au cours de cet entretien, qui a eu lieu il y a plus d'un an, Paul Biya confirmait la poursuite des arrestations, en indiquant, par exemple, qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves de corruption contre Ephraim Inoni, l'ancien Premier ministre. D'où la faible probabilité qu'il soit arrêté. Par contre, il indiquait que d'autres informations étaient disponibles par rapport aux actes de corruption posés par l'ancien secrétaire général à la présidence de la République, Jean Marie Atangana Mebara. On apprend également dans le câble publié par Wikileaks que Paul Biya songeait à revoir l'approche qui consiste à arrêter les gens pour mettre plus l'accent sur le retour de l'argent volé.

«Elecam me donne des insomnies»
A propos des élections, les Etats-Unis, par la voix de leur ambassadeur au Cameroun souhaitent qu'elles soient libres et transparentes. Janet Garvey l'a rappelé à Paul Biya, qui a répondu qu'Elecam lui causait des nuits blanches. Il a affirmé qu'il souhaitait que cet organe fonctionne de façon véritablement indépendante et qu'il ne connaissait pas personnellement les membres du conseil d'Elecam. Il a avoué sa frustration vis-à-vis de l'opposition et du ministère de l'Administration territoriale, considérés comme des ennemis d'Elecam.
Au cours de l'entretien, Paul Biya a mentionné son projet de mettre sur pied un nouveau code électoral et prévoyait d'organiser des élections sénatoriales au cours de l'année 2010. Elles étaient d'ailleurs prévues pour être un test pour Elecam avant la présidentielle de cette année. Le Sénat prévu, selon le souhait du président Biya, devait accueillir des généraux. A cet effet, le cas du chef de la marine semblait être particulier. D'après Janet Garvey, citée par Wikileaks, celui-ci aurait une réputation de corruption et d'incompétence.
Dans le résumé du câble qui a été transmis à Washington, il est écrit que Paul Biya n'a pas rejeté la possibilité d'élections anticipées, ni de sa candidature pour la prochaine présidentielle, même s'il a, de façon énigmatique, «peut-être mélancolique», lit-on, évoqué la retraite.

Pas content du ministre de l'Agriculture
Les relations commerciales entre le Cameroun et les Etats-Unis ont également fait partie des échanges entre Paul Biya et Janet Garvey. Il a notamment été question de l'exploitation minière, dans laquelle les entreprises américaines Geovic et Hydromine sont impliquées. L'ambassadeur des Etats-Unis a souhaité que le Cameroun tire un plus grand profit de l'initiative Agoa, alors que le président Biya s'est plaint de la gestion des relations humaines à Aes Sonel. Il s'est réjouit de l'intérêt de Boeing pour Camair Co, qui était encore en projet.
Le président camerounais a évoqué l'agriculture. Il s'est dit mécontent du fait que le ministre de l'Agriculture ne faisait pas plus d'efforts pour booster le secteur. Le nom de Louis Paul Motazé, le ministre de l'Economie, est cité dans les commentaires du câble diplomatique. D'après Paul Biya, il manquerait de discrétion. Le chef de l'Etat a enfin espéré que le projet de la centrale à gaz de Kribi soit maintenu.

Islamistes du Nigeria
A propos des relations entre le Cameroun et le Nigeria, le président Paul Biya s'est réjouit des accords de Greentree qui ont mis un terme au conflit sur la péninsule de Bakassi. Le câble publié par Wikileaks fait part de l'admiration de Paul Biya pour l'ancien président nigérian Yar'adua, qu'il a qualifié de «bon partenaire».
Le Nigeria a également été évoqué dans le cadre de la menace islamiste. Paul Biya s'est inquiété de l'entrée au Cameroun d'extrémistes musulmans en provenance de ce pays voisin.

Vol à la Béac
Parlant de la sous-région d'Afrique centrale, Paul Biya s'est félicité du sommet de la Cemac à Bangui en janvier 2010. Il a particulièrement apprécié les réformes de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (Béac), où beaucoup d'argent a été volé, a-t-il dit. Il a parlé de la nécessité de faciliter le transport et les procédures de passage des frontières ainsi que les liaisons aériennes entre les pays de la sous-région.