L'Organisation des libraires allemands n'a pas voulu s'en cacher: le prix de la paix – doté de 25 000 euros et qui sera remis le 16 octobre prochain à l'écrivain algérien Boualem Sansal - a une connotation bien politique. Il doit "lancer un signe en faveur du mouvement démocratique en Afrique du Nord", a déclaré le porte-parole de l'Organisation jeudi 9 juin. L'écrivain algérien, qui a rédigé en français cinq romans et deux essais, peut en effet apparaître à bien des égards comme un guide sur la voie des révolutions arabes et, au-delà de cette sphère géographique, comme le chantre d'une réconciliation entre les peuples.
Le premier roman de B. Sansal, un policier de 400 pages, mûri pendant les années de guerre civile
L'audace de la critique
Les relations opaques entre le gouvernement, l'armée et les services secrets algériens, l'attentisme des puissances occidentales, la cupidité des investisseurs étrangers, les manœuvres des islamistes, des hauts-gradés et des piliers du "pouvoir" algérien: personne n'est épargné par la critique tantôt froide, tantôt acerbe et violente de Boualem Sansal. Celle-ci se fait d'autant plus virulente que l'écrivain tarde à se consacrer à l'écriture.
Né en 1949 dans un village de montagne du Nord de l'Algérie, le jeune Boualem se lance dans des études d'ingénieur à Alger et Paris. Docteur en économie, il est tour à tour enseignant, consultant, chef d'entreprise et haut fonctionnaire au ministère de l'Industrie algérien. L'économiste songe à prendre la plume au moment de la guerre civile algérienne. Il ne le fera finalement qu'en 1999, avec son premier roman, Le Serment des Barbares, paru à Paris et aussitôt récompensé par le prix du premier roman et le prix des Tropiques.
Ecrire en dépit des menaces
Dès lors, les menaces pèsent sur l'écrivain. Boualem Sansal est peu à peu mis à l'écart, il perd son poste en 2003 mais refuse toutefois de céder aux intimidations et de quitter l'Algérie, comme l'ont fait nombre de ses amis et d'intellectuels hostiles au pouvoir de Bouteflika. Et lorsque Gallimard lui propose d'utiliser un pseudonyme, Boualem Sansal refuse net: "De l'extérieur, on ne peut pas faire une critique sérieuse" rétorque-t-il à son éditeur.
Bien que placé à l'index, Sansal ne renonce pas à l'écriture. Suivront quatre romans et deux essais. Parmi eux,Poste restante, une lettre ouverte à ses compatriotes, et Le village de l'Allemand, qui illustre la volonté de l'écrivain de dépasser tout type de tabou.
C'est dans l'église Saint Paul de Francfort que B. Sansal recevra son prix, doté de 25 000 euros, le 16 octobre prochain
Briser les tabous
Boualem Sansal y met en scène deux jeunes Français d'origine algérienne, habitant en banlieue parisienne. Après la mort de leurs parents, les deux frères découvrent que leur père, mort en héros de la guerre de libération nationale, servait autrefois dans les milices SS et avait travaillé aux camps de Buchenwald et Dachau… Un roman basé sur une histoire vraie, qui met à mal les clichés véhiculés avec la guerre d'Algérie (1954-1962) et brise enfin le silence qui entoure la Shoah en Algérie. Voir un écrivain arabe évoquer ouvertement le génocide du peuple juif pendant la Seconde Guerre mondiale justifie d'emblée le prix de la paix que lui attribue aujourd'hui l'Organisation des libraires allemands, heureux de pouvoir saluer en Boualem Sansal "un romancier passionnant, qui travaille avec beaucoup d'esprit et de sensibilité à la rencontre des cultures, dans le respect et la compréhension mutuelle entre les peuples".
Dorothée Bellamy
Le 09/06/2011
in: http://www.lagazettedeberlin.de/6657.html
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Littérature / Algérie / Allemagne - Article publié le : vendredi 10 juin 2011 - Dernière modification le : vendredi 10 juin 2011
L’écrivain algérien Boualem Sansal va recevoir le Prix de la paix des libraires allemands
Boualem Sansal recevra le prestigieux Prix de la paix des libraires allemands en 2011.
Getty Images/Ulf AndersenPar Siegfried Forster
Après l’Algérienne Assia Djebar en 2000, c’est à nouveau un écrivain algérien qui recevra le prestigieux Prix de la paix des libraires allemands, doté de 25 000 euros, a déclaré l’Organisation des libraires allemands ce jeudi 9 juin 2011.
En récompensant cet intellectuel qui « critique ouvertement la situation politique et sociale » en Algérie, l'Organisation des libraires allemands entend apporter son soutien au mouvement pour la démocratie en Afrique du Nord, a déclaré son président, Gottfried Honnefelder, à Berlin.
Dans une première réaction après sa nomination, Boualem Sansal a déclaré : « Je n’y croyais pas. J’ai cru que c’était une blague ». Dans une interview à Boersenblatt.de, la revue de l’Organisation des libraires allemands, Sansal a dédié son prix aux révolutions dans les pays arabes. « Le prix arrive à point nommé. Les gens dans les pays arabes luttent pour la liberté – et la paix est pour eux la liberté. »
Boualem Sansal est né en 1949 à Alger. Il a fait des études d’ingénieur en Algérie et en France et obtenu un doctorat d’économie. Son premier roman publié en 1999, Serment des barbares, dépeint la difficile réalité algérienne. Aujourd’hui âgé de 61 ans, l’écrivain est connu pour son engagement politique et citoyen.
La Shoah racontée au public arabe
Sansal compte parmi les rares écrivains algériens connus et censurés qui ont choisi de rester vivre et travailler en Algérie. Après avoir été haut fonctionnaire au ministère de l’Industrie, il a été licencié en 2003 à cause de ses critiques contre le pouvoir en place. Après la sortie de son livre Poste restante il a été menacé et insulté.
Dans son roman Le Village de l’Allemand, il raconte la Shoah au public arabe, basé sur l’histoire réelle d’un Allemand devenu héros de la révolution algérienne et assassiné par les islamistes du GIA. Publié en 2008, ce livre a été également censuré en Algérie. Selon ses propres dires, son leitmotiv restera : « Je fais de la littérature, pas la guerre ». Le Prix de la paix des libraires allemands lui sera remis le 16 octobre 2011 à la Foire du livre de Francfort.
http://www.rfi.fr/europe/20110609-ecrivain-algerien-boualem-sansal-va-recevoir-le-prix-paix-libraires-allemands
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Litterature : Les libraires allemands distinguent Boualem Sansal
Boualem Sansal a obtenu le prix de la Paix des libraires allemands. C’est le deuxième écrivain algérien à l’obtenir depuis Assia Djebar en 2000. Le président de l'Organisation des libraires allemands Gottfried Honnefelder a déclaré que cette distinction récompensait un intellectuel qui « critique ouvertement la situation politique et sociale » en Algérie. le prix entend ainsi apporter son soutien au mouvement pour la démocratie en Afrique du Nord.
Dans une interview à Boersenblatt, la revue de l’Organisation des libraires allemands, l’écrivain Sansal a d’ailleurs dédié son prix aux révolutions dans les pays arabes. « Le prix arrive à point nommé. Les gens dans les pays arabes luttent pour la liberté – et la paix est pour eux la liberté. »
Boualem Sansal est né en 1949 à Alger. Il a fait des études d’ingénieur en Algérie et en France et obtenu un doctorat d’économie. Son premier roman publié en 1999, Le serment des barbares, dépeint la difficile réalité algérienne. Son dernier roman n’est certainement pas étranger à la remise de ce prix en Allemagne.
En effet, dans Le Village de l’Allemand (2008- Paris, Gallimard), il raconte le massacre dans les camps de concentration nazis où ont notamment péri des milliers de juifs. L’histoire est basée sur l’histoire réelle d’un Allemand devenu héros de la révolution algérienne et assassiné par les terroristes islamistes du GIA dans les années 90. Le Prix de la paix des libraires allemands lui sera remis le 16 octobre à la Foire du livre de Francfort.
Walid Mebarek
In: El Watan 10 juin 2011
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Voici les trois mots de l'APS:
APS : Algérie Presse Service
L’Algérien Boualem Sansal reçoit le "prix de la paix" des libraires allemands
Allemagne-Algérie-littérature /
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L’Algérien Boualem Sansal reçoit le "prix de la paix" des libraires allemands
BERLIN - L’écrivain algérien Boualem Sansal recevra cette année le prix de la paix décerné par les libraires allemands, a annoncé jeudi cette organisation à Berlin.