Le Cantal n'est plus ce coin perdu, fait de hautes terres inaccessibles, sorte de réduit arverne qu'il a longtemps été dans la réalité et dans les esprits.
Planèze cantalienne - Environs de Saint-Flour
Aujourd'hui, ce pays est devenu une destination de découverte et de loisirs très prisée des citadins où derrière chaque col, chaque montagne, chaque forêt... se cache un trésor !Jusque dans la première moitié du XVIIIè siècle, il fallait une douzaine de jours pour rejoindre la Haute-Auvergne depuis Paris. Le temps de parcours fut considérablement réduit après les grands travaux routiers des derniers intendants de l'Ancien Régime commandant à une foule de ruraux soumis, bon gré, mal gré, à la nouvelle corvée royale.
Dès lors, les touristes fortunés ainsi que des Britanniques, pour lesquels la Compagnie fit éditer un guide en anglais, découvrirent cette région qui dut être, à l'époque, une terre d'aventure au même titre que les destinations lointaines de nos actuelles brochures touristiques.
Du long passé d'isolement, le département a conservé des monuments anciens forts typés, peu remaniés, souvent faute de moyens, et plus encore, des paysages ruraux très originalement humanisés et un habitat qui doit être l'un des plus typiques de l'Hexagone.
Ce Cantal très divers, est une entité délimitée très tôt. Lorsqu'il naît, en 1789-1790, il se moule, pour les deux tiers de ses limites, dans celles des diocèses de Saint-Flour et de la généralité de Riom.
La corne au sud peut surprendre mais elle s'inscrit dans ses limites, laissant de côté le Barrès, pourtant partie du Carladès. Au nord-ouest, il en est de même. Les limites orientales et septentrionales furent plus difficiles à établir.
Le département est aussi éclaté de parts et d'autres du massif volcanique. Il n'a pas d'unité linguistique par la langue d'Oc. La limite entre le nord-occitan et le parler rattaché à Toulouse et Montpellier le coupe à la latitude de Saint-Martin Valmeroux. Le nord de la Haute-Auvergne ressortait sous l'Ancien Régime, quand le sud appartenait au droit écrit.
Dans ce coin de Haute-Auvergne, co-éxistent deux Cantal que séparent les montagnes à la hauteur du Lioran, sorte de frontière ancrée dans les esprits.
Il n'y eut toujours ( et il n'y a encore ! ) qu'une unité administrative factice.
S'il fallut songer à l'alternat entre deux chef-lieux pour satisfaire, et les ambitions grandissantes d'Aurillac et l'influence passée de Saint-Flour, le Cantal est bien le seul département qui s'y résolut. La mauvaise fortune de Saint-Flour durant la Révolution lui fit définitivement perdre cette fonction mais l'opposition entre les deux villes perdure encore de nos jours.
Le puy Griou ( à droite ), au coeur du volcan cantalien
Aurillac profita de sa position pour se renforcer et compter jusqu'à cinq fois plus d'habitants que sa rivale. Deux siècles après, les liaisons est-ouest ont bien été renforcées mais l'autoroute la Méridienne a contribué, au-delà du désenclavement tant attendu, à développer davantage encore les rapports directs entre Saint-Flour et Clermont-Ferrand, capitale économique de la région, située à une heure de route, laissant de fait Aurillac quelque peu sur le bas-côté, derrière la barrière naturelle des monts du Cantal.Mais le touriste ne vient pas en Auvergne pour compter les points dans une dispute de clocher séculaire.
Il sera plutôt frappé par le fort sentiment d'appartenance de la population à sa terre, notamment parmi les exilés, dispersés dans l'Hexagone, particulièrement à Paris et qui aiment revenir régulièrement au pays.