Mais voilà, cela ne me suffit pas.
Au départ, c'est une troisième infusion de Pi Lo Chun impérial, bue distraitement en se concentrant sur une autre chose. Un livre... quelle surprise!?!
Au départ, il s'agit d'une relecture parce que j'ai pris goût à ces lignes ouvertes, un peu plus lues que d'autres, un peu plus examinées pour que le billet qui en découlera ne soit pas vide de sens.
En ouvrant un blog aux billets littéraires je n'avais qu'une envie, établir ainsi un carnet de bord des lectures. Oui mais c'était insatisfaisant. Toute lecture n'a pas besoin d'une empreinte écrite, la lecture est aussi un acte de détente et pas seulement de réflexion et parce que le fait de marquer l'avoir lu n'est pas une fin en soit: à chaque billet j'ai envie d'y mettre de moi. Pas tant une déclaration de mon monde intime, quoique il est transparent à certains lecteurs (et amis) mais identifier ce qui a touché ma sensibilité.
L'engagement d'un écrit après lecture, fait auprès d'une maison d'édition ou pour mettre en avant la qualité d'un livre extrait de notre bibliothèque, est une difficulté surtout quand l'avis se doit d'être publié dans un délai précis. Je souhaite un billet un tant soit peu construit. Alors même si en plus de faire de l'objet un véritable hérisson de post-it, je reprend le livre en diagonal (au moins). Alors oui, je relis le très bon "Touriste" de Julien BLANC-GRAS pour en parler ailleurs.
Mais voilà, il suffit que mes écrits ne soient pas aussi pertinents que mon ressenti de lecture et la boisson, accompagnante, devient mon sujet de concentration... un exutoire. Allez zou, feuilles infusées et toutes ouvertes de côté, j'ai envie de faire une distinction sensorielle de deux Pi Lo Chun (un impérial et un Bi Lo Chun plus modeste). Deux zhongs, la contenance n'est pas identique mais je mesure ma quantité de thé et l'eau que j'y ajoute.
Allez, 70°C et deux brassages de couvercle en miroir et je verse la liqueur. Cette fois-ci au moins je ne brule pas les feuilles. L'amertume n'est pas là.
J'avais souhaité aussi faire mon palais, mon nez et mes papilles à une "famille" de thé, au sens le plus restreint: reconnaitre dans l'un et l'autre un Pi Lo Chun. Et là je constate que oui, il y a ressemblance mais je serais incapable d'en dire plus.
Le chemin de thé est long, très progressif. Là aussi je sens une certaine mise à mal de ma manière d'être. Je ne peux pas être dans la pertinence ou la qualité de mes élucubrations tout le temps... il me faut patienter, me contenter d'un pas après l'autre. Me satisfaire de ne pas produire de la qualité mais de persévérer. Est-ce une manière d'être compétitive à ma façon? Hum, j'en reparlerais parce que le thème est sujet à de nombreuses controverses et débats agités à la maison.
Une chose est sûr cependant: la liqueur quotidienne se veut de plus en plus fine, de meilleure qualité. Je n'ai pas l’immersion totale, il me faut la créer, pratiquer. Même si je ne distingue pas encore toute la valeur d'un très grand jardin et sa riche complexité, mon palais reconnait qu'il y a matière... matière à déguster, matière à sensation, matière à réfléchir, matière à s'apaiser aussi.