En effet, Guido est non seulement un économiste classique, spécialiste de Mises et Hayek, mais encore un historien des idées économiques, en particulier de leurs sources bibliques puis chrétiennes.
Il se réfère en particulier à Nicolas Oresme, évêque de Lisieux, auteur en 1366 d’un «traité des monnaies» (comme notre auteur né en Allemagne…), qui démontra, définitivement, que la monnaie 1) n’appartient pas au prince et ne peut lui appartenir, sans tyrannie 2) que toute manipulation monétaire altère l’utilité de l’outil monétaire, dont la valeur doit être constante pour être fiable.
Car, s’agissant de la monnaie, il est utile de remettre les débats contemporains dans leur perspective historique. Celle-ci nous enseigne que la monnaie de papier, sans aucune référence métallique (système dans lequel nous vivons depuis 1971 et la fin de la convertibilité du dollar en or) n’a encore jamais existé sans s’appuyer sur la contrainte étatique. Qu’un tel système a toujours pour finalité la production de monnaie ad libidum, pour couvrir les besoins insatiables des Etats-Léviathan, avec, à la fin, inévitablement, l’hyper-inflation.
La mission fixée par le traité de Maastrischt à la BCE de veiller à limiter l’inflation (assimilée à la hausse des prix de détail), à 2% par an, n’est qu’une gageure. Tout comme l’interdiction faite à l’Union européenne, dans ses traités, de prêter à la Grèce…
Le niveau des dettes publiques est tel qu’elles ne peuvent plus être remboursées autrement que par l’inflation. Nous sommes déjà au moment où les banques comme les fonds d’investissement ne veulent plus acheter certaines dettes. On essaye de convaincre les opinions publiques que la mutualisation de toutes les dettes permettrait d’éviter le dépot de bilan. C’est possible, mais au prix d’une hyper-inflation qui fera exploser un système qui constitue une simple et éphémère aberration historique.
La production naturelle et libre de la monnaie est parfaitement possible et réaliste. Il suffirait de rendre cette liberté aux agents économiques.
Certes, l’idée d’abandonner le système monétaire actuel ne rencontre présentement à peu près aucun écho favorable, y compris chez les économistes (quelques heureuses exceptions mises à part, y compris Jörg Guido Hülsmann…), dont l’auteur indique qu’il sont presque tous stipendiés… C’est en ce sens qu’on pourrait prétendre que ce nouvel ordre n’est pas «réaliste». Il est pourtant possible techniquement, et moralement supérieur.
C’est là que le titre de l’ouvrage s’explique : le système actuel est un crime au regard de l’éthique. Il relève d’une alliance mafieuse entre politiciens et banquiers, apparue au cours du XVIIe siècle, qui s’est développée de diverses manières jusqu’à nos jours, pour aboutir à la création du système actuel, aux seules fins d’enrichir ces coquins, mutuellement.
Heureusement, l’histoire se rit toujours, un jour ou l’autre, de tous les constructivismes.
Beaucoup d’observateurs de bonne foi, même troublés notamment par les arguments de Jörg Guido Hülsmann, diront qu’il est désormais impossible de revenir en arrière, parce que nous sommes allés trop loin dans la voie de la création d’un papier-monnaie mondial (d’ailleurs explicitement défendu par certains, comme M. Sarkozy…). Dans ce cas, nous aurons soit l’hyper-inflation, soit la tyrannie. Ou l’un, puis l’autre…
Seule alternative pacifique : laisser les citoyens libres de choisir leurs monnaies, les substituts à celles-ci, les références monétaires de leurs contrats. Les banques centrales disparaitront alors toutes seules. Car on n’a encore jamais vu des hommes libres de leur choix préférer du papier à du métal.
A quand un referendum d’initiative populaire sur le droit de choisir sa monnaie ?
*L’éthique de la production de monnaie, par Jörg Guido Hülsmann
L’Harmattan, 285 pages, 26,50€
Article repris du Cri du Contribuable