Insidious. (de James Wan)
Horror land bordélique.
James Wan est devenu célèbre grâce à son sympathique (mais guère transcendantal Saw). Depuis lors, il a enchaîné les films sans grande réussite (que ce soit Dead Silence ou Death Sentence) pour la simple raison qu'au niveau créatif, il n'est pas le réalisateur le plus doué de sa génération. Le voir ainsi hériter d'une histoire de maison hantée n'était guère rassurant, d'autant que l'affiche met en avant, comme si c'était un gage de qualité, la présence du producteur de Paranormal Activity à côté du réalisateur de Saw. De quoi frémir de terreur. Mais si le résultat n'est guère palpitant, le film a au moins le mérite de divertir.
Une famille américaine ordinaire. Un père, une mère et trois enfants. Le papa travaille et la maman s'occupe des rejetons. Ils déménagent dans une nouvelle belle et grande maison (mais quelque peu menaçante). C'est alors que d'étranges phénomènes font leur apparition et que le fils aîné tombe dans un profond coma sans raisons apparentes. En gros, c'est le début des emmerdes...
Furieusement old school.
Ce film a un cachet étonnamment vieux jeu, voire archaïque. On revient aux sources du film de maison hantée. Un fantôme invisible, des apparitions furtives en arrière plan, des mécanismes lourdingues et des bruitages assommants pour nous faire sursauter. Cet étonnant choix de mise en scène peut dérouter tant il semble dépassé. Mais d'un autre côté, il reste plaisant et nous rapproche des vieux films d'horreurs. Un trip nostalgique en somme mais parasité par des défauts enquiquinants.
Welcome to horror land.
Ce film est un patchwork d'influences diverses et variées. La première partie du film, jusqu'au tournant décisif (et seule originalité de l'ensemble) du déménagement, est proche d'un Amytiville qui aurait rencontré Paranormal Activity. En gros, on a une maison à la mystérieuse façade dans laquelle les esprits s'en donnent à cœur joie mais ne font rien (à croire que c'est la nouvelle mode) bien que la caméra bouge beaucoup et s'évertue à nous faire croire le contraire.
La deuxième partie en appelle à Poltergeist (le scénario est «étrangement» ressemblant), Star Wars et X-Men pour la tronche du démon (faut bien trouver l'inspiration quelque part), Dario Argento et même Les griffes de la nuit pour le style graphique du monde onirique.
Ce syncrétisme visuel pourrait être une réussite si Wan aimait sincèrement le genre. Mais ce n'est pas le cas. C'est un pilleur, un opportuniste à mon humble avis. Il applique (plus ou moins bien) une recette mais ne s'investit pas au-delà. Saw en est l'exemple type. On reproduit l'ambiance de Se7en et puis on empoche le pognon. Ce n'est pas un hommage attendri et rehaussé, c'est le copier-coller d'un succès déjà avéré pour assurer le sien.
Histoire couillonne.
Mais est-ce grave? Pas vraiment. Un film n'a pas besoin d'être original pour plaire. Par contre, proposer une histoire aussi faiblarde et des dialogues risibles c'est dommageable. On comprend les rebondissements une bonne demi-heure avant qu'ils ne se produisent, les apparitions ne sont ni effrayantes ni intrigantes et les personnages sont des archétypes à peine dégrossis. Les dialogues, eux, sont du niveau d'un bon porno. Du coup, on ne s'implique pas et on ne tremble pas. Bien au contraire on rigole du film la plupart du temps (parfois des blagues, les ghost busters ridicules). On sursaute mais c'est uniquement du à la surexploitation des bruitages.
Au final, pas de quoi réveiller un mort. Rien d'affligeant mais rien de bien génial non plus. Un petit film d'épouvante comme il en existe des centaines, trop standardisés pour convaincre.
Les + :
- De bons effets spéciaux.
- Pas honteux non plus.
Les - :
- Trop de décalquage nuit à la qualité.
- Scénario et dialogues guère inspirés.
- Trop bordélique.
Note: