l'Union européenne du traité de Lisbonne prépare la tiers-mondialisation de l'Europe

Publié le 21 juin 2011 par Despasperdus

Le 27 avril 2010, l'agence de notation Standard & Poor’s avait dégradé la dette souveraine grecque au rang d’obligation douteuse. La semaine dernière, la note de la Grèce a encore été dégradée.

Entre ces deux dates, sous l'impulsion de la troïka néo-libérale FMI - UE et BCE, et avec la complicité du gouvernement social-démocrate, une cure d'austérité a été menée pour améliorer la situation économique et assainir les finances de la Grèce...

Dans cette première cure d'austérité figurait tout un panel de mesures d'une violence sociale inouïe :

  • gel des créations d'emplois dans le secteur public,
  • non remplacement de quatre fonctionnaires sur cinq partant à la retraite,
  • réduction de 10 % en moyenne des traitements des fonctionnaires,
  • vente de biens immobiliers de l’Etat,
  • vague de privatisations,
  • hausse de 20 % des taxes sur l’alcool, le tabac et l’essence,
  • création de divers impôts directs..

L'objectif de ce plan de rigueur était de ramener le déficit de 12,7 % du produit intérieur brut (PIB) grec en 2009 à 3 % en 2012... Un objectif intenable socialement et finalement impossible à réaliser, si bien que le FMI, la BCE, et l'UE ont du mal à s'accorder aujourd'hui... sauf pour imposer de nouveaux sacrifices sociaux.

Après la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne, et prochainement l'Italie, ont vu leurs notes respectives dégradées : mêmes causes, mêmes politiques néo-libérales que ce soit avec des gouvernements de droite ou sociaux-démocrates.

L'ensemble des pays de l'UE s'enfoncent dans la crise néo-libérale : chaque État privatise, vend ses biens immobiliers, détruit toutes les protections sociales, organise la déflation salariale, renonce à jouer son rôle d'agent économique influent et s'appauvrit.

L'Union européenne du traité de Lisbonne est entrée dans un cercle vicieux: en remboursant ses dettes, chaque État détruit encore plus sa demande intérieure et se prive de ses futures recettes.

L'objectif de l'UE, de la BCE et du FMI est le remboursement à n'importe quel prix des créanciers et des spéculateurs, quitte à laisser les pays en ruine, en l'occurrence aujourd'hui la Grèce : une politique qui conduit à la tiers-mondialisation !

Il y a an, l'économiste Bernard Conte estimait que la situation de la Grèce rappelait la crise de la dette de 1982 des pays du tiers-monde où furent appliqués des programmes d'ajustement structurel :

«Jusqu’à présent, l’ajustement néolibéral imposé était réservé aux pays « non développés ». La Grèce inaugure le processus de Tiers-Mondialisation de l’Europe en passant sous les fourches caudines de « l’ajustement ». A l’instar des pays du Tiers-Monde, il s’agit de dégager des marges de manœuvre budgétaires pour rembourser la dette extérieure à travers la réduction du périmètre de l’État, la privatisation, la dérégulation, les coupes claires dans les budgets de santé, d’éducation... (...) L’ajustement va-t-il buter sur l’obstacle social ? D’autant plus que les conséquences des troubles sociaux pourraient atteindre le domaine politique avec l’émergence et l’éventuelle arrivée au pouvoir de forces politiques situées en-dehors du « consensus » : droite « molle » - gauche « caviar »»[1]

Ces propos sont hélas d'une criante actualité. Si la phase 1 du plan d'ajustement a été appliquée [2], il n'est pas dit que le peuple grec accepte la phase 2 en cours de préparation...

A terme, tout dépendra de la résistance des peuples européens pour bloquer ce processus de tiers-mondialisation voulu par l'Union européenne du traité de Lisbonne, le FMI et les néo-libéraux de toute obédience !

L'année de la campagne présidentielle en France sera immanquablement marquée sous le sceau de ce processus de tiers-mondialisation. Il reviendra aux citoyen-ne-s de choisir entre les candidats du « consensus » néo-libéral et Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche qui s'oppose cette tiers-mondialisation.

Notes

[1] ContreInfo - La Grèce préfigure la Tiers-Mondialisation de l’Europe, par Bernard Conte

[2] Christian Morrisson, La faisabilité politique de l’ajustement, Paris, Centre de développement de l’OCDE, Cahier de politique économique n° 13, 1996