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Retour en Normandie autour de quelques bouteilles

Par Eric Bernardin

Cela faisait quelques mois qu'Olivier souhaitait faire un petit saut en Normandie pour boire quelques bouteilles avec nos amis du . Ce fut un peu difficile de réunir tout le monde. Il y eut deux défections et deux nouveaux arrivants. Au final, nous nous retrouvâmes à six samedi soir chez Benoît. Au programme: une quinzaine de bouteilles très éclectiques et un repas que j'avais préparé en avance en Dordogne: saumon mariné à l'aneth, magret et lomo séchés, enchaud périgourdin et palet au pralin et écorces d'orange.

Avant que tout le monde n'arrive, Benoît m'a fait découvrir un Châteaumeillant rouge fruité et goûtu que tout amateur de vin gourmand devrait connaître (Benoît, si tu peux mettre les coordonnées en commentaire ;o))

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En attendant le 6ème convive, nous nous fîmes une petite mise en bouche, en grignotant des cubes de Beaufort...

Chignin bergeron vieilles vignes 2004, JP et JF Quénard: nez sur la cire, la pêche et l'abricot. Bouche ronde, avec un certain gras et de la fraîcheur. C''est très aromatique et d'un grand équilibre. Avec une bonne finale légèrement miellée. La magie de la Roussane en pays savoyard.

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Anjou blanc 2002, domaine des griottes 2002:  nez à tendance oxydative sur les fruits secs grillés, le coing et le caramel. Bouche étonnante, alliant douceur et vivacité, gras et minéralité. Finale puissante très persistante sur des notes aux allures jurassiennes. Une belle transition vers le vin suivant, même si j'ai jugé utile de rincer le verre et mon palais.

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Crémant du Jura, Jean-François Ganevat: nez sur la noisette, le froment et la pomme fraîche. Bouche tonique, avec des bulles survoltées qui finiront par s'assagir, une acidité tranchante et une belle intensité aromatique. Finale au diapason marquée par une légère amertume. Ca réveille les papilles! (NDLR: habituellement, je carafe ce crémant afin qu'il perde un peu de son effervescence et développe son aromatique)
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Touraine "sauvignon" 2003, domaine octavie: nez de raisin mûr avec une pointe de bourgeon de cassis. Dès les premières secondes je n'avais aucun doute sur le cépage! Bouche ronde de belle ampleur, mais manquant manifestement de tension et de fraîcheur, d'où un creux en milieu de bouche. Je propose 2003 en millésime. On me le confirme. La finale est l'avenant: bien mûre, mais tombant assez vite.

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Sancerre blanc 2004, l'esprit de rudolf: nez intense sur le silex, la fumée ... et la cosse de petit pois! Dès la mise en bouche, vous vous prenez un uppercut: l'attaque est puissante, la bouche d'une grande ampleur; c'est gras et tendu à la fois, avec une longue finale sur le silex et le citron confit. Un vin hors-norme qui désarçonne souvent ses dégustateurs!
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Côtes du Jura "Grands Teppes" 2005, JF Ganevat:  nez sur le beurre qui grésille, la noisette et les fruits confits (le chèvrefeuille de Vincent me plait bien aussi). Bouche ample, mûre, grasse, charnue, avec une acidité vibrante qui porte le vin jusqu'à une finale persistante encore marquée par l'élevage.

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Chateau de chantegrive "cuvée caroline"1994, Graves blanc: nez évolué, complexe sur la poire confite, la fumée, le champignon de Paris et quelques notes terpéniques. La bouche souffre d'un manque de structure. C'est gras, assez riche, mais vite creux. La finale s'en ressent, assez
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écoeurante et totalement dominée par l'élevage. Le prototype de ce que je n'aime pas!

Côteaux du vendomois "pente des coutis" 2005 Patrice colin: nez assez discret sur la pierre chaude, le poivre blanc et l'herbe fraîchement coupée. Bouche ronde, d'abord fraîche puis tombant assez vite dans le doucereux, puis carrément le chaud en finale. Vu les quasi 15° de la bouteille, je ne suis pas plus surpris que ça. A servir certainement bien frais:

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Clos des fées vieilles vignes 2001, côtes du roussillon-villages: nez assez explosif sur les fruits bien mûrs, les épices, la réglisse. Bouche ample, mûre, très fruitée, avec des tannins soyeux et un équilibre remarquable. Belle finale longue et persistante. Un vin dans sa maturité!
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Bordeaux Moisin 2002, chateau Moutte Blanc (100% petit verdot): robe très sombre. Nez frais sur les fruits noirs et la carambar (tout le monde est d'accord sur ce parfum!). Bouche mûre, charnue, profonde, avec toutefois des tannins qui s'avèrent vite un peu trop imposants. Finale assez massive avec une légère amertume et toujours ce carambar mêlé de réglisse (chauffe un peu forte de la barrique???). 

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Bourgueil 2002 "grande réserve", domaine des Ouches: si le nez de fruits bien mûrs et d'épices me séduit et m'emmène vers le Sud, la bouche ne me convainct guère. Ca démarre plutôt bien, mais très vite des tannins asséchants prennent le dessus et ne vous lâchent pas jusqu'à une finale marquée par l'astringence.
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Chateau de fieuzal 1993, Pessac Léognan: robe évoluée. Nez marqué par la fumée, le cigare, la prune cuite et une touche de poivron. Pas de doute: on est dans les Graves! La bouche est ronde, mûre, aimable, légèrement viandée, avec des tannins plutôt bien fondus qui deviennent plus âpres en fin de bouche. Finale assez courte. Une vraie réussite dans ce millésime pas facile, mais il ne faut pas trop lui en demander...

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Arbois 2000, Domaine de la pinte (100% savagnin): nez sur la pomme au four avec des légères notes de curry. Attaque en bouche assez ample, mais très vite, on a l'impression que le vin est dilué, décharné. Vincent nous avait prévenu qu'il était en fin de vie. Ca n'empêche pas de se demander comment un vin peut décliner aussi rapidement (il était encore bon il y a six mois...).
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Gewurztraminer SGN "coeur de trie" osterberg 2000, Louis Sipp: nez fin et intense, sur les agrumes confits (mandarine à gauche, kumquat en face), l'ananas, mais aussi des notes florales (fleur d'oranger, rose thé). Bouche d'une fraîcheur et d'une onctuosité peu banales, doublée d'une grande intensité aromatique. Le tout est d'un équilibre remarquable malgré la richesse du produit, avec une finale en queue de paon (pas souvent que je la sors, celle-là).

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Château Filhot 1983, Sauternes: couleur vieil or, presque orangé. Nez évolué sur l'écorce d'orange, le miel, les fruits confits, mais aussi le champignon (manque d'aération). Bouche ronde, moelleuse, soutenue par une bonne acidité,  mais un peu monocorde. La finale elle-même n'est pas très convaincante. Fred est désespéré, car il s'est déjà régalé avec une bouteille de ce millésime. Ayant remmené la bouteille chez lui, il la regoûte 48h plus tard, et ça donne ça:

oeil : couleur paille moyennement foncé, larmes lentes sans excès
nez : toujours sur les fruits confits,somme toute assez simple et pas très intense ni complexe
bouche : la claaaaaaaque !!! explosion dès la seconde gorgée, la première étant là surtout pour calibrer le palais,très liquoreux superbe équilibre, incroyable sensation de jeunesse, très belle fraicheur, trèèèèèèèèèèès long en bouche (plus de 40 secondes), très jolie buvabilité, pas un poil de sensation de lourdeur, magnifique !!!

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Maydie 2002, Domaine Aydie (vin muté 100% tannat): robe rouge sombre opaque. Nez sur les fruits noirs bien mûrs, le tabac blond et les épices. Bouche moelleuse, charnue, épicée, avec des tannins veloutés qui se durcissent un peu trop en finale. Dommage, car sinon, c'est un régal!

Ce fut vraiment une soirée sous le signe de l'éclectisme, pleine d'échanges et de discussions passionnées. Des vins souvent atypiques ont déclenché des réactions assez contradictoires et finalement, c'était très bien comme ça: cela a évité une soirée compassée où tout le monde serait tombé en extase devant chaque vin servi!...


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