Une pensée pour le responsable du calendrier du Top14...

Il est annoncé pour la première semaine de juillet (peut-être la deuxième). Attendu par les joueurs comme les supporters, le calendrier du Top14 constitue sans nul doute une des formes les plus achevée de torture pour dirigeant fédéral.

Habituellement, la conception du calendrier du Top 14 doit répondre à une foule de paramètres généralement contradictoires, tout en respectant au maximum l'objectif numéro un qui lui est assigné : désigner les six meilleures équipes de la saison régulière au terme d'une compétition équilibrée et équitable.

Le néophyte, peu au fait des réalités du rugby professionnel, trouverait sans doute l'exercice assez simple, au fond. Chaque équipe rencontre les treize autres, une fois chez elle, une fois à l'extérieur. Effectivement, présenté comme cela, la confection du document ne présente pas plus de difficulté particulière. Mais les G.O. de la Ligue nationale de Rugby doivent composer avec :

- Les souhaits de Canal + : la chaîne qui a acquis les droits télévisuels pour la diffusion des rencontres du championnat, exprime naturellement ses préférences pour la diffusion de telle affiche plutôt qu'une autre, le vendredi ou le samedi (et parfois le dimanche),

- Les demandes de délocalisation : certains clubs souhaitent délocaliser des rencontres dans des stades plus grands pour améliorer le montant de leurs recettes. Il faut, dans l'absolu, que les délocalisations ne se déroulent pas au même moment, qu'elles soient assez espacées dans le temps et, bien entendu, que les stades d'accueil soient disponibles.

- Les problématiques de travaux dans les stades : l'intersaison est propice aux travaux d'agrandissement ou de rénovation dans les stades des clubs du Top 14. Malheureusement, l'intersaison est parfois trop courte pour que les travaux soient terminés à temps. D'ù des demandes formulées par certains clubs visant à disputer leurs premières rencontres systématiquement à l'extérieur.

- Le calendrier de la H Cup : six journées, donc six week-ends, sont consacrées aux rencontres de H Cup. Autant de cases indisponibles pour les 26 levées du championnat domestiques.

- L'état des forces en présence : il faut éviter que le calendrier ne réserve à un club une série de matches "faciles" ou présumés tels à des moments clés de la saison.

- Les doublons : c'est LA problématique en terme d'équité. Les fameux doublons entre Top 14 et Tournoi (voire la tournée d'automne) sont toujours l'occasion, pour les coaches, de se plaindre d'une rupture d'égalité. Les clubs pourvoyeurs d'internationaux (pas seulement Français...) voient dans les doublons la possibilité pour leurs adversaires de profiter d'une baisse de compétitivité.

- La coupe du monde : c'est la cerise sur le gateau de cette année, le championnat ne faisant pas relâche pendant la compétition mondiale. Un bon tiers du Top 14 se déroulera donc en même temps que la coupe, soit entre huit et dix journées de championnat. On ne peut plus vraiment parler de doublon mais bien d'une juxtaposition pure et simple. A tel point que la LNR a accepté le recrutement par les clubs de "Jokers Coupe du Monde" uniquement embauchés pour cette période. Il importera que le calendrier tienne compte de cette situation unique dans le sport professionnelle et éviter que d'unique elle devienne inique.

Evidemment, tous ces paramètres se combinent entre eux : une délocalisation devra nécessairement s'opérer avec l'accord de Canal +, et un doublon "Coupe du monde" ne devrait pas se cumuler, pour les mêmes équipes, par un doublon "Tournoi des six nations".

Rendons hommage au responsable en charge du calendrier au sein de la ligue. Son travail, fastidieux et ardu, ne sera de doute façon pas apprécié à sa juste valeur : les reproches seront forcément nombreux et les déceptions prendront le pas sur les satisfactions...