A l’occasion de la présentation du rapport annuel de la Banque de France, Christian Noyer, gouverneur, s’est dit « inquiet » du risque qu’un ajustement brutal des prix de l’immobilier pourrait faire peser sur la stabilité financière du pays.
« La maîtrise des évolutions salariales est essentielle pour assurer la compétitivité. Mais les politiques publiques peuvent aussi y participer, directement ou indirectement. Prenons l’exemple du logement.
La hausse continue du prix des logements contribue à donner le sentiment d’une perte de pouvoir d’achat et avive les revendications salariales. Elle est source de malaise social et de rigidité économique car elle entrave la mobilité des personnes et aggrave les inégalités. En outre, elle crée un risque pour la stabilité financière si un ajustement brutal devait intervenir dans l’avenir. Il paraît donc important de s’attaquer aux causes profondes des déséquilibres du marché. Les politiques d’action sur la demande ont montré leurs limites : les incitations fiscales et les soutiens au financement, accompagnés par des conditions de crédit très allantes de la part des banques, ont davantage contribué à la montée des prix qu’à l’accroissement des volumes de construction.
Les solutions paraissent désormais devoir être recherchées du côté de l’offre, par un desserrement des contraintes de tous ordres – administratives, techniques – qui s’opposent aujourd’hui à l’expansion du parc immobilier.»
Jusqu’à maintenant, seuls quelques économistes et journalistes osaient affirmer que les prix immobiliers, après 12 ans d’envolée, s’étaient déconnectés de la réalité économique du pays, notamment du revenu disponible des ménages. Ces récentes interventions des plus hauts organismes économiques du pays laissent à penser que la France pourrait connaître la même crise que les Etats-Unis, l’Irlande, ou encore l’Espagne.
Dans ces pays, le marché de l’immobilier a connu un brutal réajustement par une baisse très sensible des prix depuis 2008 comme cela a été le cas dans une moindre mesure en Grande-Bretagne.
Il est difficile de prédire l’Histoire, l’hypothèse d’un atterrissage en douceur des prix tout comme celle d’une explosion violente de la bulle demeurent possibles. L’évolution des taux d’intérêt reste l’élément déterminant.
(Source)