La tempête qui souffle sur la "France d’après", notamment sur Dallas-sur-Seine, l’ex-fief du président de la République, ne semble pas avoir de prise sur Claude Guéant. En effet, alors que les candidats UMP en sont arrivés, c’est un comble, à demander le soutien de François Fillon, en lieu et place de celui chaque jour plus mortifère de Nicolas Sarkozy, le secrétaire général de l’Elysée monte au créneau pour défendre le chef de l’Etat envers et contre tout et tous.
Pour ce faire, Claude Guéant use d’un savant mélange d’infantilisation des masses à l’aide de fortes doses de peoplosation et d’hagiographie sarkozienne. Ainsi, selon lui, "chacun le sait, le président a eu à gérer des problèmes personnels. Il a dû consacrer un peu de temps à régler ces soucis et, du coup, les Français ont eu le sentiment qu'il ne leur appartenait plus complètement". Comment n’y avons nous pas pensé plus tôt : si les sondages de Nicolas Sarkozy sont au plus bas, ce n’est pas parce qu’il ne tient pas ses promesses de campagne, mais uniquement parce que les Français, peuple ingrat par nature, sont jaloux en réalisant que le président de la République a une vie sentimentale. De là à ce que le secrétaire général de la présidence en appelle à Freud pour expliquer que les Français sont amoureux de Nicolas Sarkozy, il n’y a qu’un pas… Ne s’arrêtant d’ailleurs pas en si bon chemin, il ajoute : "ils l'ont d'autant plus éprouvé qu'ils ont l'habitude d'un président sans cesse sur tous les fronts". Et oui, c’est cruel : à trop faire le bien du peuple, Nicolas Sarkozy, véritable continuateur de Gandhi à en croire Claude Guéant, est injustement sanctionné pour s’être autorisé à s’intéresser un peu à lui.
Pour autant, le chef de l’Etat ne renonce pas à faire le bien du peuple (même si ce dernier ne le mérite pas vu que la correction qu’il s’apprête à lui administrer aux municipales) en préparant l’avenir. La preuve, toujours selon Claude Guéant, "le président conservera le principe d'un gouvernement restreint", mais si "certains découpages ministériels nouveaux sont très satisfaisants, notamment celui du ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables, il faudra inscrire de nouvelles fonctions dans la composition du prochain gouvernement, par exemple dans les domaines de l'économie numérique ou de l'aménagement du territoire, pour accompagner certaines évolutions, comme celles de l'hôpital ou de l'implantation des bases militaires". Bref, mis à part le grand ministère de Jean-Louis Borloo, qui a accouché de la souris du Grenelle de l’Environnement, toute l’organisation gouvernementale est à revoir…
Et vu que de nombreux ministres ne sont pas à la hauteur du génie et de l’abnégation du président de la République, il y a fort à parier que le casting gouvernemental va prochainement subir un important remaniement. De là à penser que Claude Guéant, en sa qualité de thuriféraire officiel du Mahatma Sarkozy, se verrait bien à Matignon…