La presse cinéma n’a certainement plus l’influence et l’importance qu’elle a pu avoir à une époque, qu’elle soit pointue ou grand public, mais un jour ou l’autre, je me pencherai dans ces pages sur l’influence que la presse ciné a pu avoir dans la vie du cinéphile que je suis devenu. Aujourd’hui, je ne lis plus vraiment ces magazines mais mes yeux ne peuvent résister tout de même à s’y laisser entraîner en vitesse, à les feuilleter à défaut de les lire de la première à la dernière ligne comme je pouvais le faire il y a quelques années antérieures à l’avènement d’Internet.
Ce mois-ci, mon regard s’est égaré dans le Studio Ciné Live daté de juillet 2011, et j’y ai lu des choses tour à tour drôles et surprenantes. Je ne parle pas des critiques et opinions émises par la publication, bien que cette allusion à une certaine qualité du cinéma de Guy Ritchie dans la critique de Blitz fasse sourire, mais de propos associés à Johnny Depp et Thierry Frémaux.Un article consacré au premier indique que le comédien américain a personnellement choisi Rob Marshall pour être le réalisateur du quatrième volet de la saga Pirates des Caraïbes. Et la raison à cette drôle d’idée en serait que Depp apprécie particulièrement Mémoires d’une Geisha, l’une des nombreuses infamies commises par le cinéaste (au choix il est également possible de piocher entre Chicago et Nine pour débattre et décider lequel est le plus mauvais de ses films).
Mince alors, au détour de cet article, je découvre que Johnny Depp a vraiment des goûts cinématographiques douteux ! Gong Li et Zhang Ziyi jouant aux japonaises en anglais… brrrr… rien que d’y repenser, j’ai envie de revoir Épouses et Concubines pour laver mon cerveau de ce souvenir pénible.
Quelques pages plus loin, je tombe sur une interview de Thierry Frémaux qui fait se dresser les cheveux sur ma tête, même si ceux-ci commencent à se faire rares. Je cite : « Dujardin est un acteur extraordinaire, tout le monde le sait. Et il fait son métier de comédien, parfois sur des films d’auteurs (Blier, Garcia, Hazanavicius, Canet), parfois sur des projets plus commerciaux (…). Quand Brad Pitt passe de Ocean’s 13 à The Tree of Life, ou Johnny Depp de The Tourist à Tim Burton, ça n’étonne personne. Eh bien quand Jean Dujardin joue dans un film sélectionné à Cannes, il n’a pas moins de légitimité à monter les marches que Michel Piccoli ou Mathieu Amalric ».
Ce qui me choque dans ce que dit Thierry Frémaux n’a rien à voir avec Jean Dujardin, excellent acteur au demeurant. Ce qui me gêne dans ces phrases, c’est l’allusion à Johnny Depp. Ou plutôt, plus spécifiquement, à Burton. Car Frémaux met ici en opposition le cinéma commercial et le cinéma d’auteur. Pour l’acteur qu’est Jean Dujardin, pour l’acteur qu’est Brad Pitt, et pour l’acteur qu’est Johnny Depp. Mais pour ce qui est de Depp, Frémaux parle de sa collaboration avec Burton ces dernières années comme le pan « cinéma d’auteur » de la carrière de Depp. Aïe. Aïe aïe. Franchement m’sieur Frémaux ? Pour vous, Sweeney Todd, Charlie et la Chocolaterie et Alice au Pays des Merveilles, c’est du cinéma d’auteur au même titre que The Tree of Life ? La première moitié des années 90 est pourtant bien loin pour la collaboration Depp/Burton…
Si les trois derniers films tournés conjointement par Depp et Burton sont du cinéma d’auteur, alors oui, après tout, peut-être Roland Emmerich fait-il lui aussi du cinéma d’auteur. En tout cas cela explique sans l’ombre d’un doute pourquoi le Festival de Cannes choisit chaque année de présenter les plus mauvais films Hollywoodiens qui soient hors compétition (Da Vinci Code ? Indiana Jones et le Royaume du Crane de Cristal ? Pirates des Caraïbes ??). Je fais bien de continuer à jeter un œil à la presse cinéma, on y apprend toujours des choses intéressantes et amusantes.