A vingt-neuf ans, je vivais de ma plume. Mais je m'étais trompé d'encrier."
Consacré écrivain, à l'âge de sept ans, pour quelques rimes commises sur un bout de papier, Edouard passera les premières décennies de sa vie à tenter de reconquérir l'estime - l'amour - dont il fut, au sein de sa famille, l'éphémère attributaire.
Chronique des années '70, 80 et 90 qui enfilent pension, divorce de ses parents, mariage mal engagé, percée dans l'univers de la publicité avec un séjour de quelques années à Bruxelles, naissance de ses filles, le récit poursuit la quête engagée par un narrateur à l'existence ...décalée.
Pour son premier roman - espérons qu'il y en aura d'autres - Grégoire Delacourt, publicitaire de son métier, révèle une écriture maîtrisée, habilement rythmée d'autodérision, humour, désabusement mais aussi de tendresse. Pudeur de l'émotion qui tente de se couvrir d'une tendre ironie?
La couverture est réussie.
Assurément.
Apolline Elter
L'écrivain de la famille, Grégoire Delacourt, roman, JcLattès, janvier 2011, 266 pp, 17 €
Billet de faveur
AE: Grégoire Delacourt, entre "Grégoire", votre prénom et "Edouard", celui du narrateur, il y a similitude de consonance : le lecteur est fort tenté de voir, en votre récit, une projection autobiographique. Songeons, peut-être ( ?), à la jeune fille, perchée sur le capot d’une voiture… Quelle en est la part?
Grégoire Delacourt: Je me suis amusé de cette homophonie Grégoire-Edouard. Elle va dans le sens de la recherche de rimes du jeune héros du livre et oui, elle est un clin d’œil à l’idée d’une autobiographie. C’est là pour brouiller les pistes. Boris Vian disait « Cette histoire est vraie parce que je l’ai inventée » ; ce roman, c’est pareil. Il croise le vrai, le faux, le rêvé, le subi, l’enfoui pour tisser un texte drôle, émouvant, vraisemblable et vrai.
Quant à « la jeune fille assise sur le capot de la voiture », elle est une métaphore du désir amoureux ; de l’évidence silencieuse de l’amour. Je me suis inspiré de mon coup de foudre avec ma femme pour dessiner ce personnage.
AE: Quel rôle a eu Jean-Louis Fournier, dans la genèse de votre roman?
Grégoire Delacourt: Jean-Louis n’est pas à la genèse de mon roman, plutôt dans son entrée dans le monde.
Je venais de terminer la rédaction du livre lorsque j’ai lu « Il a jamais tué personne, mon papa » J’ai refermé le livre doucement, je pleurais. Tout me touchait dans le texte de Jean-Louis, l’écriture, l’émotion retenue, le doux cynisme. Je me sentais proche de tous ses sentiments et j’ai eu le culot de lui envoyer « L’Ecrivain de la Famille ». Quatre jours après, il me téléphonait. Il a juste dit « C’est formidable, je m’en occupe ». Un merveilleux cadeau d’un grand auteur…
AE: Vous a-t-on déjà dit que votre écriture évoquait - ô label - celle de David Foenkinos?
Grégoire Delacourt: Oui. Et ça a l’air d’un sacré compliment, merci. Mais, chose curieuse, je n’ai encore rien lu de David Foenkinos bien que ma sœur me presse de le découvrir. C’est juré, je lis La Délicatesse ce week-end, et les autres ensuite.
AE: L'écriture de ce premier roman vous ouvre (libère) -t-elle la voie de prochains ouvrages?
Grégoire Delacourt: Outre la joie indescriptible de voir mon livre exister, ce qui me touche le plus, ce sont les réactions des lecteurs, lointains, inconnus, qui prennent le temps de m’écrire pour partager leur émotion à la lecture du livre ; le souvenir d’un personnage déjà, qui habite leur mémoire ; leur envie de lire autre chose, découvrir une nouvelle histoire. Alors oui, ces encouragements délient la pudeur, me donnent envie de poursuivre… A très bientôt, donc !
Merci Apolline.