Bon Iver
Bon Iver
Jagjaguwar
États-Unis
Note : 9.5/10
par Olivier Morneau
Tout a commencé avec quelques accords de guitare acoustique. Une sonorité froide, une voix claire. Flume, Lump Sum, The Wolves (Act I and II), For Emma… Le premier album de Bon Iver est l’un des meilleurs disques de folk des dix dernières années. Justin Vernon a ensuite surpris tout le monde avec Blood Bank EP et l’utilisation de l’auto-tune sur Woods, au point où Kanye West l’a recruté pour quelques collaborations sur son dernier bébé, My Beautiful Dark Twisted Fantasy. Et maintenant, un album éponyme, à la croisée du folk, du new wave et de l’expérimentation.
Le nouveau Bon Iver s’entend dès Perth. Quelques notes de guitare harmonisées à un synthétiseur atmosphérique, suivies de battements de tambours militaires. La voix de Vernon embarque en douceur, puis de petites doses de distorsion embarquent sur la guitare. L’atmosphère est beaucoup plus épique qu’auparavant. Mais grâce à un inimitable tour de magie signé Justin Vernon, l’enrobage demeure intime et touchant.
Les talents de Vernon réapparaissent sur Minnesota, WI. Initialement dirigée par des tambours garnis de mélodies de guitare électrique (toujours avec distorsion minime), le rythme se casse pour intégrer des synthétiseurs et des arpèges de guitare acoustique claire. Ceci est la clé de Bon Iver : tout se casse pour mieux se rematérialiser. Autre exemple : Calgary. Le premier simple de l’album démarre avec des claviers, progresse avec des claviers, mais perd son chemin grâce à une guitare électrique plutôt lourde pour du Bon Iver. Mais tout se calme, et l’acoustique revient pour les dernières secondes de l’album.
La plus grosse surprise se nomme Lisbon, OH et se métamorphose en Beth/Rest. Le premier morceau s’apparente plus à du krautrock qu’à du folk ou du rock. On croitrait presque entendre des bips de radar ou de sonars de sous-marins sonner. Mais alors que l’atmosphère grimpe, Beth/Rest démarre sur des notes de claviers qu’on croirait presque tout droit sorties du pire film d’amour des années 80. Vernon chante avec de l’auto-tune, le rythme est lent. Mais la progression mélodique, les cassures rythmiques incessantes et l’imprévisibilité de tout cet amalgame empêche toute critique négative.