Résumé: Le monde est tombé suite à une violente épidémie vampirique. Le jeune Martin, qui a vu ses parents assassinés par un suceur de sang, ne doit son salut qu’à l’arrivée providentielle de Mister, un chasseur de vampires bourru et solitaire. Ayant décidé de prendre Martin sous son aile, il emmène celui-ci sur les routes, espérant rallier le Canada, considéré comme un possible Eden…
Passé de mode dans les années 90, le genre post apocalyptique fait un retour en force ces derniers temps. Après Children of Men, Le Livre d’Eli, La Route, et avant le nouveau Mad Max, voici donc que débarque Stake Land, qui mêle post apo et film de vampires. Dans Stake Land, la civilisation s’est effondrée suite à une épidémie vampirique dont on ne connaitra jamais l’origine. Au milieu des Etats-Unis dévastés, le jeune Martin suit Mister, son sauveur et son mentor, qui lui apprend à survivre dans ce monde sans pitié.
Stake Land est le nouveau film de Jim Mickel, réalisateur du fauché Mulberry Street. Autant dire que c’était mal parti, vu que Mulberry Street présentait pas mal des défauts inhérents à la production d’un premier film fauché : maquillages ratés, filtres colorés moches pour cacher la misère et faire « auteur », scénario trop bavard et rempli de sous-intrigues inutiles… Et si Stake Land n’est lui non plus pas exempt de défauts, il faut avouer que le saut qualitatif est visible et impressionnant. Tout d’abord, Mickel a eu la bonne idée d’abandonner ses filtres jaunâtres moches pour une approche plus naturaliste qui sied parfaitement à l’univers de son film et met en valeur les décors naturels et crédibles (maisons abandonnées et à demi effondrées, casse, forêts menaçantes). On sent qu’encore une fois le budget du film ne doit pas être très élevé, mais celui-ci reste toujours crédible, même dans les scènes avec plus d’ampleur, par exemple lorsque les héros croisent des poches communautaires survivant vaille que vaille. Stake Land comporte peu de scènes d’action, mais les quelques affrontements humains-vampires sont plutôt bien gérés et assez violents, les suceurs de sang étant ici représentés comme des êtres féroces et à l’intelligence limitée, à mi-chemin entre la bête sauvage et le zombie façon Romero.
Au niveau du scénario, il faut avouer que Mickel et son coscénariste Nick Damici (qui s’est octroyé le rôle de Mister) ne proposent pas forcément grand-chose d’original. On pense énormément à La Route, en moins désespéré, pour la quête sans fin d’un eden inaccessible, ainsi qu’à Into the Wild de Sean Penn. Une référence étonnante, mais bien présente, dans la fuite en avant de Mister entre autres, qui refuse de s’établir où que ce soit de peur de ne pas parvenir au lieu de ses rêves. Et si le lien avec le film de Sean Penn n’était pas assez évident, Mickel pousse le mimétisme jusqu’à inclure une scène dans un van abandonné. On pense aussi pas mal aux westerns de Clint Eastwood, et notamment à Josey Wales dans ce petit groupe qui devient peu à peu une famille recomposée. C’est d’ailleurs dans la description de ces personnages que le film de Mickel trouve ses meilleurs moments. Sous le cliché du chasseur taciturne et solitaire, Mister est en fait un homme débordant d’humanité (il finit par accepter tous ceux souhaitant se joindre à eux) et aux principes inébranlables (voir le sort réservé aux violeurs de nonnes). Du coup, lorsque certains personnages meurent de façon tragique, on ne peut s’empêcher de ressentir un pincement au cœur. Le film propose aussi de bonnes idées, assez originales, les meilleures impliquant une secte d’illuminés considérant la venue des vampires comme un nouvel âge d’or. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à utiliser tous les moyens à leur disposition pour éliminer ceux ne rentrant pas dans leur moule (la terrifiante attaque du camp, à coups de « largage » de vampires).
Après, Stake Land n’est pas non plus exempt de défauts, outre ses influences un peu trop visibles. On a beau s’attacher aux personnages, leurs réaction sont parfois un peu étranges, ceux-ci pleurant la perte d’êtres chers pour la minute suivante donner l’impression qu’il ne s’est rien passé. Le film compte aussi plusieurs pistes scénaristiques mystérieusement abandonnées, comme ces cannibales évoqués en début de film qui n’apparaitront au final jamais. Des détails certes, mais qui empêchent tout de même le film d’atteindre le niveau de ses modèles, notamment le crépusculaire La Route. Cependant, on ne peut s’empêcher de se dire à la sortie de la projection que Jim Mickel est sur la bonne voie pour livrer bientôt des œuvres majeures.
Note : 7/10
USA, 2011
Réalisation : Jim Mickle
Scénario : Nick Damici, Jim Mickle
Avec : Nick Damici, Connor Paolo, Danielle Harris, Kelly McGillis, Michael Cerveris