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La contemplation du Néant

Publié le 20 juin 2011 par Joseleroy

Léo Schaya (1916-1985) est un traditionnaliste qui a poursuivi l'oeuvre de Guénon et de Schuon. Il est l'auteur de remarquables ouvrages comme La naissance à l'esprit, La création en Dieu, L'homme et l'absolu selon la kabbale, La doctrine soufique de l'unité.

Voici un extrait de Naissance à l'esprit, où il nous parle de la contemplation du Néant :

leo-schaya

"Nous venons de voir que la « contemplation du Néant » est, en soi, Non-Contemplation, Non-Connaissance, Non-Être. Il ne s'agit donc pas d'un acte de connaissance, d'une vision spirituelle et encore moins d'une méditation discursive, mais de l'état où l'on est « uni par le meilleur de soi-même à Celui qui échappe à toute connaissance » : c'est l'unité même de notre Soi pur et suprême avec le Principe suprême et surintelligible. Ce n'est pas l'union ou l'unité ontologique d'un sujet et d'un objet de con­naissance, mais l'Identité absolue du sujet et de l'objet de la « con­templation du Néant » ; ou, plus précisément, il n'y a ici ni sujet qui contemple, ni objet contemplé : il n'y a que le divin « Néant », dont la contemplation est elle-même « Néant », le « Néant » qui est l'Absolu. C'est l'Essence « suressentielle », suron­tologique et incognoscible de toute connaissance et contemplation ; c'est la Réalité infinie et inconditionnée, dans laquelle toute affir­mation et toute négation, tout ce qui est et tout ce qui n'est pas, se trouvent dépassés. Ici, l'homme n'est plus un être humain, ni quoi que ce soit d'intelligible : il est transformé en sa propre Essence surhumaine et surintelligible, en ce divin Sur-Etre qui repose en Lui-même, sans aucune extériorisation, émanation, révé­lation ou manifestation. Ici, c'est d'éternité en éternité, qu'« Il a pris la Ténèbre pour retraite » (Ps., XVIII, 12), une Ténèbre qui est l'Essence plus que lumineuse de toute lumière. « La Ténèbre même n'a point d'obscurité pour Toi, et la Nuit brille comme le Jour : la Ténèbre est comme la Lumière » (ibid. CXXXIX, 12), et Elle est plus que lumière. C'est le Mystère du « Nuage de l'Inconnaissance », dans lequel pénètre Moïse ; et c'est le Mystère du « Nuage obscur » où, selon le Prophète, Allah habite « avant de créer le monde », — là où II transcende tout ce qui a un rap­port quelconque avec la création, à commencer par l'Être causal. C'est le « Non-Etre » où II réside comme un « Trésor caché » et inconnu, ainsi qu'il l'a dit à Son Envoyé : «J'étais un Trésor caché ; je voulus être connu, et J'ai créé le monde. » Il « des­cend » — symboliquement parlant — de Son Non-Être incognos­cible et non causal à Son état de Connaissance propre, celui de Son Être intelligible et causal ; et, en tant que tel, Il se contem­ple comme l'« Un » en soi et comme l'« Essence unique » de toute existence, comme la Cause et la « Lumière des cieux et de la terre » (Coran XXIV, 35)." Naissance à l'esprit


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