Achats intégrés sur tablette, offres freemium 100% numériques ou couplées web + papier. Depuis plusieurs mois, les éditeurs, stimulés par l’essor des tablettes et smartphones, rivalisent d’imagination pour mettre en place de nouvelles stratégies de monétisation de leurs contenus sur Internet. Aux offres fragmentées des abonnements papier (Professionnels, International, Week End, Découverte) se rajoutent progressivement des offres mixtes ou 100% numériques simplifiées.
Si dans l’ensemble ces nouvelles formules ont le mérite d’être claires et faciles d’accès pour le consommateur, il est amusant de constater que le passage au numérique a également été l’occasion pour les éditeurs de s’émanciper des “offres spécifiques” à destination des profils particuliers (étudiants, chômeurs, seniors…). Qu’il s’agissent des offres 100% web, des abonnements sur iPad/iPhone ou des offres mixtes web+papier, aucunes ne tient compte de ces publics spécifiques. Un choix qui peut sembler paradoxal dans la mesure où le numérique constitue une opportunité formidable de se rapprocher d’une clientèle plus jeune, technophile, étudiante, susceptible d’être davantage réceptive au produit presse numérique que la cible CSP+, 35-55 ans, ayant un rapport à la presse et au payant déjà établi par les habitudes de consommation des journaux et magazines papier.
Dans une vision à court terme, il est compréhensible que les éditeurs cherchent à attirer vers le numérique une audience habituée à payer pour lire la presse. Une façon à la fois de fidéliser les actuels abonnés papier en étendant sa gamme de services sur le web (offre mixte) mais également de générer de nouveaux inscrits et des revenus supplémentaires. Toutefois dans une perspective à plus long terme, l’enjeu des éditeurs de presse ne sera-t-il pas de convaincre la “génération Internet”, née à l’heure de la culture du gratuit et de l’abondance de l’information sur le web, de payer pour accéder à du contenu et des services à valeurs ajoutées ?
Clerpée - De l'ardoise à la tablette numérique
Au delà des éventuels changements dans la forme du produit presse pour attirer une jeunesse sensible aux éléments multimédias (vidéo, audio) et habituée à consulter l’information en temps réel (réseaux sociaux, TV), l’absence d’offres 100% numériques adaptées aux usages, besoins et contraintes (argent, temps) de ces nouvelles générations apparaît préjudiciable et dangereux pour les éditeurs dans le cadre de la monétisation de leurs activités en ligne.
Les 12-25 ans sont en effet les clients de demain, ceux sur qui reposera la réalisation d’une partie non négligeable du chiffre d’affaires des sites d’informations, à la différence près que cette génération n’a pas développé une culture de la presse semblable aux adhérents actuels, abonnés papier se convertissant progressivement au web.
Il m’apparaît donc important, sinon indispensable, pour les éditeurs de presse, de tenir compte de ces différences générationnelles et de ce que cela implique du point de vue des usages en élaborant des offres numériques spécifiques (lycéens, étudiants) attractives, de façon à faire perdurer l’éducation et la culture autour du produit presse auprès du jeune public. Au risque autrement de ne plus trouver personne pour acheter des journaux et magazines (papier ou numérique) dans les prochaines années…