Noir c’est noir, ainsi pourrait être l’adage de J’ai rencontré le Diable. L’humour est noir. La vengeance est noire. Les personnages sont d’une obscurité peu commune, encore plus lorsqu’elle contamine celui qui est censé être le « héro ». L’homme à « la vengeance légitime ». Plus le film avance et plus les forces destructrices le rongent de l’intérieur jusqu’à faire éclater une rage et une haine qui n’a plus rien d’humain. Et les questions se posent alors : Est-ce que son action est légitime ? Doit-on accepter ses agissements ? On peut comprendre le désespoir de ce « héro » et cette soif de vengeance qui en découle. Ce désespoir qui l’emmène vers les limbes d’une vengeance personnelle qui entraîne indubitablement des victimes en parallèles. C’est humain de le comprendre. Et là où J’ai rencontré le Diable est intéressant car il nous montre la « contamination » de celui qui s’érigeait dans une certaine forme de « justice », la victime indirecte de ce meurtre. Intéressant de voir de quelle façon cet homme obscurcit sa personnalité en usant de stratagème qui le met au même niveau que l’homme qu’il traque. L’assassin justement. Que dire de la manière dont Kim Jee-woon l’emploie ? On ne pourra qu’éprouver un certain dégoût pour cette complaisance qu’apporte l’auteur au personnage du tueur en série. Sans ça, la performance de Choi Min-sik est bonne à l’image de celui qu’il affronte. On aurait tout de même pu s’attendre à beaucoup mieux de ces deux acteurs.
J’ai rencontré le Diable est d’une froideur extrême. Un film glauque jusqu’au-boutisme et une question subsistera à l’issu du visionnage : qui est véritablement le diable ? Sans ça, Kim Jee-woon se sera fait plaisir avec ce film à l’image d’un John Woo qui signait son Hard Boiled aux Etats-Unis. Espérons pour lui qu’il puisse s’épanouir là-bas.
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