Inédit depuis 1974. Le PCF soutient un candidat qui n’est pas issu de ses rangs pour l’élection présidentielle, en la personne de Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche. Un choix suscitant quelques déceptions.
Celui qui est «l’autre vote à gauche» incarne «l’unité» et «l’implication populaire» à en croire le communiqué du Parti de gauche. « Il est le seul (...) à porter l’ambition de regrouper une majorité pour gouverner la France sur un programme de radicalité concrète, sociale, écologique et républicaine » poursuit le communiqué.
Les meilleurs scores de M. Mélenchon lors de la consultation des communistes sont enregistrés dans les Alpes de Haute Provence (84,08%), l’Aveyron (84%), en Dordogne (81%), en Pyrénées-Orientales (86%) ou encore dans l’Yonne (87%). Il se situe au delà des 70% dans 35 départements. Avec un score national de 59, 12%, il devance André Chassaigne rassemblant quant à lui 36,82 % des voix et enfin 4,07% pour M. Drang-Tran, sur un total de près de 50 000 votants.
Cependant, il n'est pas parvenu à recueillir la majorité absolue dans vingt-et-un départements. En Haute-Saône, il rassemble à peine 16% des suffrages, tandis que Emmanuel Drang-Tran, qui portait une candidature plus identitaire du PCF, rafle 66%. Ce département lui était largement favorable, habituellement critique à l’égard de la démarche du Front de gauche, mais ne représente que 200 votants. André Chassaigne y est à 18%.
Dans les deux départements tenus par le PCF au conseil général, il n’obtient pas la majorité. Il est battu de peu dans le Val-de-Marne (47%), plus largement dans l’Allier (22%). Pour M. Monet, secrétaire départemental du PCF, c’est l’expression de la position de la conférence départementale : « M. Mélenchon veut rassembler l’autre gauche, tandis que M. Chassaigne veut se positionner au coeur de la gauche, et non pas dans un face-à-face avec le PS. » Selon lui, le rassemblement ne peut être aliéné du contenu : «Il faut des convergences avec toute la gauche. Si le contenu n’a pas vocation à être majoritaire, il n’y a pas d’espoir à porter. On ne peut pas être dans le gauchisme » a-t-il ajouté.
De manière assez logique, M. Chassaigne est donc invaincu en Auvergne avec 76% dans l’Allier pour le député communiste et principal rival de Mélenchon. Il fait également 72% dans le Cantal, mais se trouve battu en Haute-Loire (40% contre 55% pour M. Mélenchon) alors qu’il se hisse à 80% dans le Puy-de-Dôme, dont il est député. Le fief du candidat auvergnat lui reste fidèle, alors que paie pour lui son approche «locale et rurale». Mais l’argument qui a fait mouche est-il son positionnement vis-à-vis du reste de la gauche, c’est-à-dire le Parti socialiste (retrouvez l’entretien sur Témoignage chrétien) ?
Avec cette désignation, le PCF et le Front de gauche veulent s’affirmer dès le premier tour, pour forcer le PS à composer avec lui dans d’éventuelles négociations de gouvernement, voire pour lui reprendre le leadership à gauche. Seulement, si il y a une recomposition de toute la gauche au second tour, elle se fera, dans l’urgence, sans les militants et sympathisants qui auront pris part à la dynamique du Front de gauche. « Le rassemblement doit s’envisager avant », insiste-t-on dans l’Allier, qui n’est pas favorable à l’idée d’une gauche de gauche autonome. « Notre objectif est de battre la droite. Mais avec un contenu, pas des accords de bouts de ficelle entre les deux tours. »
Une autre voix discordante est venue d’un candidat malheureux à la désignation. Éliminé lors de la convention nationale du PCF, André Gérin, député communiste, s’indigne du choix Mélenchon.