Barack Obama…l’illusion noire

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Je vous propose un billet que j’avais écris en Septembre 2008 sur l’élection de Barack Obama comme Président des Etats Unis. Je pense qu’Obama comme Sarkozy ou Ban ki Moon rempileront tous pour un nouveau mandat. Mais l’actualité de ces derniers mois me fait le remettre à jour. Aucune modification n’a été portée au texte initial qui est reproduit ici tel qu’il était le 08 septembre 2008.

Ici au Cameroun comme certainement dans plusieurs pays d’Afrique, Barack Obama est un sujet qui anime la vie sociale et politique. Surtout qu’Obama, est un nom commun d’une région du Centre Cameroun. Nous avons d’ailleurs l’habitude d’appeler Obama le cousin de la Lekié (région où on retrouve les Obama au Cameroun).

 J’ai gardé une certaine distance devants les débats souvent passionnés autour d’Obama. Un Noir enfin à la Présidence de la plus grande puissance du monde. Cette seule éventualité fait briller les yeux des noirs Africains du monde entier. Mais au-delà de la passion, le sujet à mon avis mérite un recul plus profond.

 Barack Obama, Président des Etats-Unis : Quel changement pour l’Afrique ?

 J’ai beau chercher et j’avoue qu’en dehors de l’orgueil d’un Noir à la tête des USA, j’ai du mal à voir clairement autre chose.

 D’abord parce que Barack Obama est un Américain. Il n’est pas un cousin de la Lekié, de l’Oubangui Chari, de Kilomètre 14 ou d’un quelconque autre coin de l’Afrique. C’est un Américain qui vit une Amérique particulière. Une Amérique confrontée aux problèmes de sécurité, de terrorisme, de chute du dollar et d’autres enjeux sociaux pesants. C’est un Américain qui a conscience qu’aujourd’hui, les Etats-Unis ont besoin d’un souffle différent, meilleur en tout cas que celui impulsé par Georges Bush. En conséquent, Barack Obama n’a pas d’autres choix que d’avoir la tête à l’Amérique. Surtout aujourd’hui où la seule chose que les Américains vont réclamer de leur Président est qu’il ait la tête à eux.

 Ensuite parce que Barack Obama, au cas où il est élu va être élu dans un contexte particulier. Celui de l’après Bush. Et dans un premier temps, il va rapidement être question de démontrer autre chose. De faire la différence. D’affirmer que les Américains avaient raison de rejeter les Républicains et d’aspirer à autre chose. Il sera donc obligé de concilier les intérêts suprêmes Américains (pétrole, argent, et autres) avec les nouveaux défis sociaux à gérer. Franchement, il faut être pas sage pour oser s’accorder du temps pour autre chose.

 Enfin, Barack Obama est un Noir. Un Noir au pays des Blancs. Il va très vite devoir confronter le défi de dépasser sa négritude afin d’éviter de stigmatiser sa présidence. Il sera plus proche de bondir sur sa proie et de la dévorer que de chanter une négritude qui ferait plus de mal que de bien à sa présidence.

 C’est sûr, Barack Obamùa président des USA, ca permettra aux Africains et aux Noirs en général de se taper la poitrine de fierté. Mais pour qui connaît l’histoire de l’Afrique, se taper la poitrine de fierté n’attendait pas Barack Obama. J’ai des ouvenirs de tant de grands hommes qui ont été plus actifs dans les réalités des Africains (Krumah, Sankara,  Cheick Anta Diop et d’autres merveilleux héros du continent ).

 Barack Obama président des USA, ce n’est pas encore l’heure de gloire de l’Afrique.

 Par contre, il y’a des choses positives qui pourraient être capitalisées. Notamment le fait que ses pairs Africains auront une tendance plus grande à l’écouter. La naïve espérance suscitée par un frère de sang à la tête du pays le plus puissant du monde, va donner de nouvelles oreilles aux Présidents Africains. Qu’y mettra ton ? Certainement d’abord les intérêts Américains. Mais peut-être aussi les intérêts d’Afrique. Parce que ce sont ses oreilles différemment attentives que Barack Obama aura comme atout pour faire quelque chose en Afrique, sans laisser l’impression aux Américains qu’il est distrait par autre chose que les intérêts Américains.

 Bien sûr, je ne suis pas entrain de dire que les Américains sont des gros égoïstes qui ne pensent qu’à eux. Loin de moi une telle pensée qui ne serait pas vraie. Simplement quand on gère un Etat comme les Etats-Unis, on ne fait pas de la passion. On fait de la real politique. Barack Obama ne fera pas la différence d’avec les autres. C’est d’ailleurs cela qui le rendra plus grand et meilleur que les autres. Ce sera un Noir qui aura réussi à faire ce que les Blancs ont toujours fait, en mieux peut-être, mais la même chose. L’enjeu est grand pour lui et pour toute l’Amérique. Mais cet enjeu, il est très loin d’être le nôtre sous les doux tropiques de Cush.