LE SOIR
un reflet
dans le miroir
un frémissement de soie
au même instant
la robe rouge à tes pieds
ton corset de satin
lacé comme une bottine
fermé d’un double nœud
*
* *
Récent prix Goncourt de poésie, Guy Goffette a glissé quelques-uns de ses poèmes les plus somptueux dans les replis de romans gonflés de mélancolie, de désir, de sève et de rêve. Pour l’un d’eux, il a d’emblée reçu, en Belgique, la seule distinction littéraire digne de ce nom. On a répudié les Muses pour bien moins. Pas lui. Il n’y revient pas, puisqu’il ne les a jamais quittées. Paradoxalement, Goffette est homme de partances. Il va de Caraïbes en syllabes ; ses envies sont ardennaises, son repos du guerrier est transsibérien. Voici qu’il sort de son baluchon une divagation. Méfiez-vous ! Certes il y est question du financier, du politique et du jardinier, fossoyeur compris, mais le filon laurifère est à découvrir sous le tablier des bonnes sœurs, là où les orgasmes entament la danse de saint Guy.
J’avais Laure dans la peau depuis pas mal de temps déjà, je la portais comme le saint sacrement en baissant les yeux sur mes pieds pour ne pas heurter le caillou qui m’aurait fait tomber avec elle, provoquant un Niagara de sons que la populace ne m’aurait pas pardonnés …
Une légende veut qu’un drôle de métallurgiste n’en finissait pas de renier son camarade président-directeur général, dans la moiteur du Jardin des oliviers. Le coq s’égosillait à crier au feu. Après trois fois , il rendit son tablier syndical.
Pas de ce danger-là avec Hoex et Goffette : ils sont encartés à vie.
« Juin », Corinne Hoex, Le Cormier, 60 pages, 17 euros