Monique Dagnaud, Directrice de recherches au CNRS, publie sur Telos une analyse très intéressante où elle compare et explique les mouvements d’Indignés Européens.
En substance, son analyse décrit un lien de causalité entre un taux de chômage des jeunes diplômés élevé et le succès du mouvement des Indignés dans le pays considéré.
Ainsi, en Espagne, 41% des diplômés du supérieur de 25-34 ans n’occupent pas d’emploi qualifié en 2006, contre 26% en France. Pour Dagnaud, cela « explique pourquoi les indignés français ont été en définitive peu nombreux ».
La situation grecque est semblable à celle que vivent les jeunes diplômés espagnols.
L’auteur estime que ce mouvement « s’exerce contre les pouvoirs en place, les politiciens, les hommes d’affaires et les banquiers. Un antiélitisme dans sa pureté de diamant, une posture qui se suffit à elle-même, et qui n’est pas reliée à une idéologie particulière ou à une vision politique ».
La dimension égalitariste et autonome de ces mouvements est intéressante et rejette le militantisme politique classique. Mais la faiblesse de ces »happening avec chorégraphie sur la société juste » est qu’ils ne débouchent pas sur une participation électorale susceptible de changer la politique du pays, comme on l’a vu en Espagne.
Pour Dagnaud, ces manifestations désabusées n’ont pas grand-chose à voir avec les révolutions arabes qui, elles, revendiquaient avec ferveur l’avènement de la démocratie parlementaire.