Fin 2009, le gouvernement Berlusconi approuvait le décret Ronchi qui obligeait les institutions locales à transformer toutes les sociétés qui géraient le Service de distribution de l'eau en S.P.A mixtes et d'organiser des appels d'offre pour attribuer au moins 40% des actions à des entreprises privées dans chacune de ces sociétés.
Prenant acte de cette situation, nous avons décidé de proposer un référendum populaire pour l'abrogation des lois qui imposaient la privatisation et d'autres normes qui prévoyaient un minimum de 7% de profits dans les SPA pour la rémunération du capital investi (art.154 du décret environnemental du gouvernement Prodi en 2006).
La Constitution italienne prévoit que pour proposer un référendum abrogatif, il est nécessaire de recueillir 500 000 signatures. Alors, dans chaque région, chaque province, chaque ville, des comités de citoyens se sont organisés pour récolter ces signatures. En moins de trois mois, nous avons recueilli 1 million et 400 mille signatures. Nous entrions déjà dans l'histoire sans qu'aucun journal ne prenne acte de ce grand résultat.
Dès janvier de cette année, nous avons repris la mobilisation pour nous préparer à la campagne. En mars, nous avons organisé une manifestation nationale qui a vu la participation de près de 500 000 personnes à Rome, et nous avons su la date du référendum : les 12 et 13 juin. Le gouvernement choisissait d'envoyer les Italiens aux urnes à un moment de l’année où historiquement l'affluence est toujours basse en Italie. La raison était simple, en Italie pour qu'un référendum soit validé, il faut un quorum de 50% de participation.
La solution la plus simple aurait été de proposer le référendum en même temps que les élections municipales de mai, mais cela aurait signifié une plus grande facilité pour atteindre le quorum.Début juin, la campagne officielle devait commencer, mais la télévision publique, la RAI, n'avait pas l'intention de respecter les normes prévues pour une campagne électorale.
Jusqu'au référendum, l'information a été dérisoire. C'est dans les rues, dans les écoles, dans les universités, en participant à tout les événements publics, en organisant des conférences, des débats, des forums, des fêtes, que nous avons conduit cette campagne sans jamais attirer l'attention des grands médias qui, pendant ce temps, préféraient s’intéresser à tout autre chose.
Nous n'avions aucun doute sur le résultat du vote, le plus dur n'était pas de convaincre les gens de voter OUI pour l'eau publique, mais de les informer qu'il y avait un référendum et de faire en sorte qu'ils aillent voter.En Italie, nous votons le dimanche et le lundi jusque 15h ! La fête a commencé bien avant le dépouillement, parce que nous n'avions aucun doute sur le résultat final. A 15h, nous avons enfin su que 57% des italiens avait voté ! Ce n’était pas arrivé à un référendum depuis 1995.Nous avons écrit une belle page d'histoire. Le détail des votes n'était ensuite qu'une formalité, parce que nous le connaissions déjà, au plus profond de nous tous : 95% des votant se sont exprimés pour l'eau publique et contre les profits sur ce bien commun ! Le 13 juin, de nombreux partis ont cherché à s'attribuer une victoire qui est celle du peuple. On parle beaucoup de la défaite de Berlusconi, mais ce sont les politiques néo-libérales et les grandes multinationales qui ont été battues ! Une nouvelle ère commence dans ce pays. Ce que nous répétons depuis le début de cette campagne s'est avéré : “Ça s'écrit EAU, mais ça se lit démocratie”.Raphaël Pepe
Attac Italia – Comité Référendaire pour l'Eau Bien Commun