genre: das drämeuh
année: 1991
durée: 1h48
la critique de Koamae:
Attention, voici probablement le chef d'oeuvre absolu de Lars Von Trier, le sommet de ce génie, j'ai nommé Europa, sorti en 1991. Dernier volet de sa trilogie de l'Europe comprenant également Element Of Crime et Epidemic, Europa est ce que l'on peut appeler une merveille visuelle qui mélange habilement noir et blanc et couleur. Le film réunit Jean-Marc Barr (qui s'était alors fait connaître avec Le Grand Bleu de Besson, et qui reviendra dans d'autres films de Lars Von Trier), qui est tout simplement MAGISTRAL dans son rôle, mais aussi Barbara Sukowa, Udo Kier (un habitué de Von Trier également), Eddie Constantine, et la voix de Max Von Sydow, puisque celui-ci fait office de voix-off dans ce film, de narrateur, disons.
Von Sydow a l'un des rôles les plus importants, pourtant: il essaye d'hypnotiser à la fois le spectateur et le personnage principal, il connaît l'histoire à l'avance, et s'en sert pour faire du spectateur un vértiable voyeur, ce qui est clairement une des grandes forces d'Europa.
Mais ce film ne serait rien non plus sans Barr, sans la force photographique juste démentielle, et sans le scénario. J'ai une excellente nouvelle: Von Trier réunit tous ces éléments sans lequel le film ne serait rien, et du coup, le film devient quelque chose.
Cette phrase est complètement inutile mais bon... passons.
Après Fisher dans Element Of Crime et Mesmer dans Epidemic, place à Kessler dans Europa. Leopold Kessler est un jeune allemand (une vingtaine d'années), qui a pourtant passé la majorité de sa vie aux Etats-Unis. Car, en effet, nous sommes en 1945, et la famille de Leopold a fui la dictature nazie. Pourtant, à la fin de la guerre, il revient en Allemagne, car il doit trouver du travail, et les allemands sont mal vus aux USA. Son oncle lui propose du travail dans la compagnie ferroviaire Zentropa (nom qui deviendra plus tard celui de la société de production de Von Trier), Kessler devient contrôleur des wagons-lits et doit s'occuper des passagers.
Sur son premier trajet, il rencontre Katarina Hartmann, la fille du patron de Zentropa. C'est par une coïncidence que peu après, il est invité chez les Hartmann.
Peu à peu, il découvre une atmosphère de tension dans la famille mais pas que; il découvre que dans toute cette Allemagne détruite, la guerre n'est pas forcément finie, et les loups-garous, dont la mission est d'exterminer les anciens collaborateurs, sèment la terreur.
Il découvre le passé nazi de Max Hartmann, patron de Zentropa, qui doit mentir sur son passé pour conserver sa position, et se suicide finalement dans son bain, sous la pression. Son amour pour Katarina Hartmann l'entraîne dans une spirale infernale. Kessler va se faire choper par des loups-garous, des werwolves, et va se voir obligé d'exécuter des missions pour eux, trahissant ainsi ses valeurs. Les faux-amis et les trahisseurs sont partout, même les plus proches.
Les nazis, les loups-garous, l'oppression, ces visions horribles d'anciens collabos pendus, d'un enfant tuant un homme politique sur ordre de son père loup-garou, d'une famille traumatisée, de squelettes sur pattes revenant des camps, plus les harcèlements de son oncle et des passagers, vont faire sombrer lentement mais sûrement Kessler dans une crise de nerfs sans fond...
Difficile de parler de ce monument absolu du cinéma. La photographie est juste insensée et monumentale, un mélange vibrant de noir et blanc et de couleur.
Les acteurs sont absolument parfaits, et Jean-Marc Barr incroyable de réalisme. La réalisation est hyper bien foutue, le scénario n'en parlons pas. La fin du film, que je n'ai pas révélé ici, secoue comme pas possible. On est plongé dans les nerfs de Leopold Kessler, qui sombre de plus en plus dans la folie suite à la tension qui règne tout autour de lui.
La musique est grandiose, et le résultat final de tout ça prend aux tripes (non: aux couilles), fait de Europa un film jamais ennuyeux, immense de bout en bout. Le joyau de Von Trier, qui réalise ici un coup de maître. Très difficile de parler de ce film, et je m'arrête là, car face à la perfection, on se tait.
Note: 20/20