Hureau © La Boîte à Bulles - 2011
Martial vient d’apprendre le décès de son grand-père, Hector Grémiet. Il monte à Paris pour passer à l’appartement de l’aïeul et récupérer quelques affaires. Étape d’autant plus douloureuse puisque le jeune homme était très lié à son GrandPa qu’il n’avait pas vu depuis trois mois. En faisant le tour de l’appartement, le jeune homme remarque deux grosses valises sous un canapé. Il tente de les ouvrir mais elles sont fermées à clés. Sur chacune d’elle, une étiquette avec cette inscription « Pour Félix Larose à Magnat – L’Étrange ». Intrigué, Martial poursuit ses recherches et découvre plusieurs boîtes de correspondances reçues par son grand-père, des lettres écrites par une certaine Georgette Blizard domiciliée à Magnat – L’Étrange. La coïncidence est trop grande, il n’en faut pas plus à Martial pour prendre la direction de ce bled, bien décidé à rencontrer cette femme et à donner en mains propres ces lourdes valises à Monsieur Larose… un moyen comme un autre de rendre un dernier service à son grand-père.
En route pour la Creuse ! Sur place, Martial rencontrera de sympathiques villageois mais au bout de quelques heures passées à Magnat, leurs us et coutumes pas très finaudes et ce mystère qui entoure Félix Larose conforte Martial dans l’envie de mener à bien son enquête.
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Je ne mâcherais pas le plaisir que j’ai eu à lire cet album. Plusieurs raisons à cela, la première est liée au plaisir de retrouver ce graphisme si propre à l’auteur. Le trait, tout en finesse, mélange une forme de légèreté alliée à une grande richesse dans les détails des décors et accessoires. On ressent le bon air frais de la campagne et on se frotte à la mentalité de ses habitants sympathiques mais quelque peu réfractaire à l’intrusion d’un étranger… bref, le décor bucolique est rapidement campé. L’agencement des visuels est assez conventionnelle dans l’ensemble (une présentation des cases en trois ou quatre bandes) mais ce arrangement s’adapte régulièrement à la trame narrative : les contours de cases disparaissent, s’arrondissent et zooment sur un détail et ou un visage, s’arc-boutent bref, la mise en page m’a surprise, charmée. Pas d’effet de lassitude dans la lecture, l’album très agréable à parcourir.
Plaisir à lire un scénario original ensuite. J’ai rapidement abandonné l’idée de chercher à imaginer quel chemin allait prendre l’histoire pour profiter pleinement des rebondissements de l’intrigue. Celle-ci va chercher ses sources dans plusieurs genres : la quête (celle du personnage principal), le thriller (auquel Simon Hureau donne un petit côté fantastique) et la chronique sociale (en milieu rural avec cette peur de l’étranger et des jugements de valeur qui ont la peau dure). Le résultat est convaincant. Martial est entouré d’un panel intéressant de personnages secondaires : de la vieille mégère au blogueur gothique en passant par le bouc-émissaire de service… Une intrigue tarabiscotée en apparence, qui semble ne pouvoir aboutir que dans un cul-de-sac mais, comme je le disais, le fait d’avoir eu du mal à anticiper les rebondissements de l’histoire m’a fait profiter de l’effet de surprise permanent. Le récit est fluide, l’intrigue est ménagée tout du long jusqu’à cet étrange face-à-face qui s’étale sur 9 pages en toute fin d’album. Ce moment m’a apporté la majeure partie des clés de compréhension du récit puis, en une vingtaine de pages, l’auteur peaufine son dénouement et nous offre une conclusion pleine d’espoir et de poésie. Simon Hureau l’a travaillée en alternant passages muets et dialogues. Une belle boucle se boucle, les dernières pièces du puzzle trouve naturellement leur place… et un album qui se referme avec difficulté… un voyage imaginaire qui se termine et que je garderais en mémoire, d’autant que le mystère persiste mais il me revient d’imaginer la suite de cette aventure.
Je remercie une nouvelle fois La Boite à Bulles pour cette découverte d’album et pour la qualité de leur ligne éditoriale.
Prenez une bonne dose de sentiments, une curiosité aiguisée et un petit bled perdu sur le Plateau de Millevaches. Mélanger le tout jusqu’à obtenir un soupçon de quiproquos, une bonne dose d’humour et une lichette de fantastique. Recouvrir et laissez reposer une heure. Vous pouvez servir l’album à température ambiante, la dégustation n’en sera que meilleure et la digestion fameuse !L’avis de PaKa et de PlaneteBD.
Intrus à L’Étrange
One Shot
Éditeur : La Boîte à Bulles
Collection : Contre-jour
Dessinateur / Scénariste : Simon HUREAU
Dépôt légal : juin 2011
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