D’après la Commission européenne, les dépenses publiques seront en 2011 de 45,3 % du PIB en Allemagne et de 55,8 % en France, soit une différence de 10,5 % du PIB. Si la France avait les mêmes dépenses publiques que l’Allemagne, elle en aurait 212 milliards d’euros de moins (10,5 % x 2017= 212), ce qui lui permettrait de baisser les impôts de 100 milliards d’euros avec un budget en équilibre. L’enjeu justifie une analyse sérieuse de la différence.
D’après l’OCDE, en 2009, 62 % de la différence était due à la rémunération des fonctionnaires : la France aurait 1,5 million de fonctionnaires de moins si elle avait la même proportion de fonctionnaires que l’Allemagne, ce qui la ramènerait aux effectifs de 1980. Le salaire de nos fonctionnaires est en moyenne de 23 % supérieur à celui des allemands. Ils bénéficient des 35 heures de travail par semaine, soit un coût supplémentaire de 25 milliards d’euros par an. Leur absentéisme est le double de celui du privé, soit un coût de 12 milliards d’euros par an. En effet, contrairement au privé, ils ne sont pas astreints au « délai de carence » de trois jours sans indemnité en cas de maladie. Les fonctionnaires allemands n’ont pas de régime spécial pour leurs indemnités –maladie. Les dépenses de retraite des fonctionnaires français sont très supérieures à celles des fonctionnaires allemands, qui ont le même régime que les salariés du secteur privé. Les fonctionnaires français partent en retraite en moyenne 2,9 ans avant les salariés du privé et leurs retraites sont, à salaire égal, de 70 % supérieures. Le coût des retraites publiques françaises explique une différence de 30 milliards d’euros par an avec les dépenses allemandes.
Par secteur, les dépenses publiques françaises sont supérieures à celles des Allemands de 1,8 % du PIB pour l’enseignement, de 1,4 % pour la santé, de 1,3 % pour le logement, de 1 % pour la culture, de 0,7 % pour la Défense. Pour chacun de ces secteurs des explications supplémentaires peuvent être données :
- l’enseignement secondaire français est par élève plus coûteux de 62 % que l’allemand car les horaires de présence obligatoire à l’école des enseignants ne sont pas les mêmes:15 heures par semaine en France (en moyenne réelle, compte tenu de l’absentéisme, des heures de délégation et des professeurs sans élèves), contre 43 heures en Allemagne, pour 5 semaines de plus dans l’année. Les écoles allemandes ont donc moins besoin de surveillants et répétiteurs, tâches qui y sont assumées par les enseignants.
- pour les dépenses hospitalières, la convergence des tarifs de remboursement par l’assurance-maladie des dépenses des hôpitaux publics et privés est terminée depuis 2009 en Allemagne, alors qu’elle est prévue pour 2018 en France. Actuellement, pour la même opération, le coût pour la Sécurité sociale des hôpitaux publics français est en moyenne supérieur de 35 % à celui des cliniques. De plus les Allemands ont privatisé plus de 100 hôpitaux publics, ce qui leur a permis de supprimer des subventions à des hôpitaux en déficit.
- logement : la loi Hartz 4 a réservé les allocations-logement aux personnes qui n’ont pas d’autres allocations sociales; plus de la moitié des HLM allemandes ont été vendues en bloc à des investisseurs.
- culture : la plus grande partie des subventions est dispensée en Allemagne par les Länder, alors qu’en France c’est le ministère qui en dispense la majorité à ses habitués.
- Défense : les Allemands n’ont pas de force de dissuasion nucléaire. Pas d’avions pour aller bombarder Moscou, pas de changement fréquent de missiles sur les sous-marins, pas de laser mégajoule censé simuler une explosion, etc.
Certaines allocations sociales sont plus réduites en Allemagne. Les allocations-chômage sont inférieures de 0,3 % du PIB en Allemagne, non seulement parce que les Allemands ont 25 % de chômeurs en moins mais aussi parce que la durée maximum d’indemnisation du chômage est en France le double de celle de l’Allemagne et que l’indemnité mensuelle maximum (5458 €) est 2,6 fois plus élevée. La France voudra-t-elle relever le défi allemand ?
Article repris du site du Cri du Contribuable avec l’aimable autorisation de Roman Bernard.