Argumentaire anti-primaires à l’usage de l’UMP

Publié le 20 juin 2011 par Variae

Alors que les primaires socialistes approchent, les ténors de la droite donnent de plus en plus de la voix pour les décrier. Il est très probable que pour le bien des Français (et non faute de bilan à défendre ou de candidat suffisamment populaire, comme le suggèrent quelques esprits chagrins), la principale occupation du militant UMP sera de tirer à vue sur le processus de désignation du candidat PS, véritable danger pour la démocratie. Mais quatre mois à tenir ainsi, c’est long. Surtout quand ses propres chefs n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le sujet. Variae, blog reconnu d’utilité publique, a pensé à lui et propose donc cet argumentaire tout-terrain, qui lui donne les éléments de langage nécessaires, mois par mois et quoi qu’il arrive. Pour répondre pied à pied à la malhonnête propagande solférinienne et ouvrir les yeux à ses concitoyens. Récapitulons.

(1) Pendant la préparation des listes électorales et des bureaux de vote (juin)

-   Hypothèse 1 : malgré les obstacles déployés par les préfets et les maires UMP, la France est couverte de bureaux de vote et les listes d’émargement sont prêtes. Réaction : « C’est à une gigantesque opération de fichage politique de tous les Français et de détournement des moyens publics par les socialistes que nous assistons. ».

-   Hypothèse 2 : listes retenues par les préfectures, salles introuvables pour organiser le vote dans les villes de droite … en dehors des grandes villes, il va être difficile de voter. Réaction : « C’est à une gigantesque opération d’apartheid politique que nous assistons, les primaires socialistes seront pour les bobos, pas pour tous les Français. »

(2) Au moment des déclarations de candidature (mardi 28 juin – mercredi 13 juillet)

-   Hypothèse 1 : les primaires jouent à plein, un nombre important de candidats se déclarent (possiblement Jean Mallot). Réaction : « Encore une fois, les socialistes font étalage de leurs divisions. Ils sont incapables de s’entendre entre eux. A l’UMP, Nicolas Sarkozy est tellement notre chef incontesté que l’idée de se présenter contre lui ne viendrait à PERSONNE ».

-   Hypothèse 2 : les primaires, de confirmation, se résument à un choix entre quelques candidats avec un seul largement en tête dans l’opinion (possiblement Jean Mallot). Réaction : « Encore une fois, les socialistes font étalage de leur hypocrisie. Ils sont incapables d’organiser un vrai choix démocratique entre eux. A l’UMP, nous respectons tellement la démocratie que l’idée d’une candidature de Jean-Louis Borloo ne dérange PERSONNE ».

(3) Une fois que l’on sait si d’autres partis de gauche rejoignent les primaires socialistes

-   Hypothèse 1 : magie du désir d’unité, des « partis frères » rejoignent la compétition qui devient celle de toute la gauche. Réaction : « Le PS essaie de détourner la constitution en dénaturant le premier tour et en retirant aux électeurs la possibilité de choisir qui ils veulent lors de celui-ci. Et nos condoléances aux cocus de l’affaire, les partis de gauche, qui renforcent l’hégémonie des socialistes sur eux ! »

-   Hypothèse 2 : l’individualisme et la course à la reconnaissance médiatique l’emportent, les primaires se limitent au seul PS. Réaction : « Le PS essaie de détourner l’attention du premier tour mais il se retrouve aussi seul qu’en 2002, il n’a pas pu retirer à ses électeurs la possibilité de choisir une autre candidature lors de celui-ci. Et nos condoléances aux cocus de l’affaire, les militants socialistes, qui se sont fatigués pour rien ! »

(4) Pendant l’été (et la canicule)

-   Hypothèse 1 : la campagne des primaires bat son plein. Caravanes des plages, blogowar sous clé 3G en montagne, débats enflammés aux quatre coins du pays. Réaction : « Sans aucun respect pour les Français qui espéraient goûter des vacances méritées après une année difficile, les socialistes vont les harceler jusque sur leur lieu de villégiature. Nous les appelons à la décence, par respect pour nos aînés qui subissent de plein fouet les conséquences de la canicule. »

-   Hypothèse 2 : on a beau être l’Obama de la Bresse ou la Zapatera reloaded, il faut bien savoir lever le pied de temps en temps. Petite pause estivale pour les primaires, du coup. Réaction : « Sans aucun respect pour les Français qui commençaient à croire en elles, les socialistes ont déjà interrompu leurs primaires, préférant rejoindre leurs luxueux lieux de villégiature. Nous aurons la décence de ne pas faire remarquer qu’ils doivent une fière chandelle à nos aînés, dont l’hécatombe caniculaire masque dans les médias le flop – prévisible – des primaires ».

(5) Pendant les débats (fin septembre, début octobre)

-   Hypothèse 1 : les confrontations entre les candidats se déroulent au mieux : respect mutuel, agressivité minimale, bref amour, gloire et débats d’idées. Réaction : « Ce soir nous avons assisté à l’auto-destruction des primaires socialistes : un débat digne de ce nom n’a jamais pu commencer, faute de différences réelles entre les candidats en lice. Alors qu’à l’UMP les idées sont reines, le PS organise un concours de beauté entre candidats de la pensée unique ! »

-   Hypothèse 2 : la canicule estivale a un peu trop échauffé les esprits, du coup les primaires se musclent et les débats se tendent. Réaction : « Ce soir nous avons assisté à l’auto-destruction des primaires socialistes : un débat digne de ce nom n’a jamais pu commencer, faute de respect minimal entre les candidats en lice. Alors qu’à l’UMP l’unité est reine, le PS organise un pugilat entre des candidats qui se détestent ! »

(6) Lors du dépouillement des résultats (entre le samedi 8 et le dimanche 16 octobre)

-   Hypothèse 1 : 0 contestation, pas d’incident, RAS. Réaction : « Comment peut-on croire que le scrutin socialiste n’a connu aucune irrégularité, quand on connaît leurs antécédents ? Avec cette parodie de vote qui a probablement été arrangé à l’avance, c’est ce soir la démocratie elle-même qui est affaiblie, et le FN qui doit se frotter les mains. »

-   Hypothèse 2 : des centaines de milliers de Français se ruant dans les bureaux de vote, le dispositif prévu est un peu dépassé et des contestations surviennent. Réaction : « Comment pouvait-on penser que le scrutin socialiste ne connaitrait aucune irrégularité, connaissant leurs antécédents ? Avec cette tragi-comédie de vote qui n’a probablement d’équivalent que dans des républiques bananières, c’est ce soir la démocratie elle-même qui est affaiblie, et le FN qui doit se frotter les mains ».

Merci qui ?

Romain Pigenel