Beginners est une comédie romantique, oui. Sans guimauve, audacieuse, d’une simplicité enchanteresse. Mike Mills retrouve les qualités qui faisaient tout l’atypisme de son premier long métrage Age Difficile obscur (Thumbsucker) : un style indé, revendiqué mais jamais ostentatoire; une direction d’acteurs impeccable, et des interprètes (Ewan McGregor, Mélanie Laurent, Christopher Plummer, et Goran Visnjic) de talent. Dans cette histoire de père, enfin vivant à l’aube de sa mort ( !)- parce qu’il ose accepter son homosexualité-, de fils dessinateur un peu paumé et d’actrice française qui traîne partout une solitude vicieuse, Mills puise dans son passé pour construire des personnages crédibles, sensibles, beaux. De ces éclairs autobiographiques, il s’attache à nouveau à la figure (universellement ?) adolescente face aux balbutiements amoureux, et capte tout (timidité, peur, folie, innocence) des premiers pas d’une relation- à 38 ou 75 ans, qu’importe.
Son cocktail poétique, qui mêle tristesse et tendresse, mélancolie et drôlerie, laisse souffler des vents nostalgiques, venus tout droit de l’enfance, d’un vieil album photo, d’un disque vinyle qui crache un morceau d’un ancien temps. Mills parle au cœur, à l’enfant tapi en nous- celui qui veut croire ; à l’adulte aussi- celui qui tremble. Face aux échecs possibles, aux deuils à venir, aux jugements sociaux. Beginners ne pose pas, prend son temps, ose le naturel. Le film vit, respire, s’anime. Avec authenticité, plein de charme, et de larmes. Comme dans Thumbsucker, il évoque la difficulté de s'assumer dans un monde de préjugés et d’étiquettes. Comme dans Thumbsucker, il prône la même chose: la libération du soi.