Les films sortant directement en DVD me laissent un sentiment mitigé avant que je ne les vois. Pour ceux qui trainaient depuis quelques années dans les tiroirs de leurs distributeurs, il y a d’abord de la surprise, car après tout ce temps, un trait était presque tiré sur la possibilité de les voir arriver de façon officielle. C’est tout juste si pour certains, je n’en aurais pas oublié qu’ils existaient et étaient toujours invisibles en France. Pour ceux-là, les voir ainsi débarquer transforme en général la surprise en soulagement. Ouf, il était temps, quand même. Et puis il y a ceux qui n’ont pas trop eu le temps de traîner dans un tiroir et ont été rapidement condamnés à ne pas passer par la case cinéma. Avec ceux-là, la surprise se transforme vite en agacement.
Chaque mois, plusieurs films, qu’ils soient sortis d’un tiroir ou abattus en plein vol, débarquent dans les bacs français. Et ces jours-ci, ceux qui accrochent mon œil se bousculent aux portillons. L’évènement du mois, c’est certainement Miracle à Santa Anna de Spike Lee, un film qui a une histoire longue et douloureuse pour ce qui est de sa sortie en France. Tourné en 2007, il devait sortir en salles à l’automne 2008 après être passé par le Festival du Film Américain de Deauville, sous l’égide de TFM. Or le film n’est jamais sorti. A l’époque, une polémique a grondouillé, où l’on reprochait au film son discours sur la résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale, où l’on reprochait au distributeur de renoncer à sortir le film pour des raisons racistes, où ça tirait donc dans tous les sens pour reprocher l’absence du film sur les écrans. Spike Lee avait attaqué à l’époque TFM pour rupture de contrat, le film s’était rétamé au box-office américain… ce film ambitieux dépeignant une escouade de soldats afro-américains débarquant en Italie en 1944 avec les troupes américaines a largement pâti de ces méandres polémiques. Tout le monde a plus ou moins enterré le film, et Spike Lee n’a plus tourné de long-métrage de fiction depuis.
Miracle à Santa Anna est finalement sorti en DVD il y a quelques jours. Après toutes ces années, nous allons enfin pouvoir découvrir l’objet de ce remue-ménage. Au rayon « descendu d’une étagère poussiéreuse », le mois de juin voit aussi venir en DVD Los Angeles : Alerte maximum, alias Right at your door, un film indépendant américain qui s’était fait connaître au Festival de Sundance… 2006, il y a plus de cinq ans. Ce film, voilà tellement longtemps qu’il est sur mes tablettes, et j’ai tant eu envie de le voir à l’époque, que j’étais presque persuadé de l’avoir vu lorsque j’ai vu son titre apparaître dans le calendrier des sorties DVD. Los Angeles y est victime d’une bombe engendrant un nuage toxique menaçant la ville et ses habitants. L’envie n’est plus la même qu’il y a cinq ans, mais la curiosité l’emportera un jour ou l’autre.
La surprise décevante de la semaine, c’est la sortie depuis mercredi d’Easy Girl, connu aux États-Unis sous le titre Easy A. Le film de Will Gluck était sorti l’automne dernier outre-Atlantique avec succès et avait gagné une jolie réputation qui n’a semble-t-il pas suffi à ce que cette comédie lycéenne réunissant Emma Stone, Stanley Tucci, Patricia Clarkson, Thomas Haden Church, Amanda Bynes et Malcolm McDowell sorte en salles en France. Moins surprenante est l’arrivée dans les bacs d’Instinct de survie en juillet, un thriller surnaturel réalisé par Luis Berdejo. Après tout, celui-ci n’avait eu droit aux États-Unis qu’à une sortie technique pitoyable l’ayant plongé directement dans les abysses de l’exploitation en décembre 2009, sous le titre The New Daughter. En même temps, Kevin Costner n’a jamais été populaire ni même franchement présent dans le genre surnaturel, alors le voir affronter des forces inquiétantes n’a pas semblé inquiété grand monde. Quoiqu’en ce moment, occupé qu’il est à incarner le père adoptif de Superman sur le plateau de la nouvelle mouture de Man of Steel signée Zach Snyder, l’échec d’Instinct de survie ne doit pas l’émouvoir plus que cela. D’autant que les critiques l’ont encensé pour son court mais remarquable rôle dans Company Men en début d’année.
Deux sorties en DVD mettent quant à elles le sourire aux lèvres. La première c’est État de guerre. Non que j’ai particulièrement envie de voir ce film traitant de l’affrontement entre Russie et Géorgie ayant fait l’actualité il y a quelques mois (années). Non que je me réjouisse de voir ce pan de l’histoire actuelle traitée au cinéma avec dans les rôles principaux Andy Garcia, Val Kilmer, Dean Cain et Heather Graham, entre autres. Non, ce qui m’amuse, c’est qu’il s’agit du nouveau film de Renny Harlin, ex-réalisateur star du cinéma d’action hollywoodien que je n’imaginais pas réaliser un film pareil. Le dernier film réalisé par Harlin, c’était quand même 12 rounds, un film d’action dont l’acteur principal était le catcheur John Cena. Forcément, cet enchaînement dans sa carrière, passer de John Cena à la guerre en Géorgie, fait sourire. Je serais curieux de voir ce que ça donne. Ca sent le nanar à plein nez, à moins que…
Mais la sortie la plus surprenante et réjouissante du mois est coréenne et s’intitule Chaw. Je me souviens bien que lorsque j’étais en Corée du Sud à l’été 2009, les cinémas arboraient presque tous l’affiche du film. A l’époque j’avais privilégié Haeundae et Take Off car leurs projections bénéficiaient de sous-titres anglais, contrairement à Chaw. Mais l’envie ne me manquait pas d’aller découvrir ce film semblant jongler entre l’humour, le suspense et l’horreur et suivant les attaques d’une bête apparentée à un sanglier monstrueux au sein d’un petit village. Les chances étaient nulles que ce film sorte un jour dans les salles de cinéma françaises, alors le voir arriver en DVD début juillet est une agréable surprise. J’ai hâte de voir ce sanglier coréen bouffer du villageois ! Les direct-to-DVD, ça a du bon parfois…