Et si la FECAFOOT se convoquait elle-même ?

Publié le 19 juin 2011 par Atango

Voilà des années que le football camerounais est à la dérive. Cette situation a lentement conduit à une diminution progressive de la qualité de jeu, inversement proportionnelle à la montée des tensions et des conflits entre les joueurs.

Les événements qui se sont déroulés avant, pendant et après le match Cameroun-Sénégal du 04 juin ne sont que le résultat factuel de cette politique qui réussit le tour de force d'être à la fois véreuse, laxiste et incompétente.

Iya Mohamed est sur la sellette. Le Président de l'Assemblée Nationale l'a dans son colimateur, dans ce qui ressemble furieusement à un conflit régional concernant la place juteuse de DG de la SODECOTON. La police financière camerounaise quant à elle enquête depuis 6 ans sur la manière dont la FECAFOOT gère ses fonds. Si vous n'êtes pas Camerounais(e) et que ce délai vous étonne, rappelez-vous que "Les Experts Yaoundé" manquent un peu de moyens et beaucoup de probité.

Au-delà des bisbilles politico-gombistes des uns et des enquêtes à tête chercheuse et à tempo variable des autres, il y a longtemps que nous réclamons sur cet espace que la direction de la FECAFOOT prenne ses responsabilités.

Ajoutons que Samuel Eto'o, au nom des joueurs a récemment adressé à ces messieurs une lettre publique dans laquelle il dénonce clairement leur incapacité à assurer une gestion au moins correcte des affaires.

Pour l'instant, la Fédé fait ce qu'elle sait faire le mieux : créer la diversion. Ainsi, trois joueurs sont convoqués en conseil de discipline le 21 juin. Il s'agit de :

- Samuel Eto'o, accusé d'avoir remis en question la décision de Javier Clemente en bloquant le remplacement de Choupo-Moting pendant le match Cameroun-Sénégal du 04 juin.

- Alexandre Song, à qui l'on reproche d'avoir entretenu la mauvaise ambiance dans le groupe en refusant de serrer la main de Samuel Eto'o à l'hôtel.

- Benoît Assou Ekotto, qui devra s'expliquer sur son absence non motivée lors de ce regroupement.

Si chacun de ces motifs est légitime et qu'on ne peut que soutenir toute action visant à préserver la discipline au sein de la tanière, deux éléments viennent transformer en pitrerie équatoriale toute cette séquence : d'une part, on essaie de supprimer le symptome au lieu de guérir la maladie ; d'autre part, dans le contexte actuel, la démarche disciplinaire est le plus mauvais choix qui pourrait être fait.

Ce réflexe de République policière va peut-être donner un bref sursis à l'équipe dirigeante de la FECAFOOT, mais il ne résoudra en rien le problème. Car la racine de tous les dysfonctionnements, c'est justement cette même équipe dirigeante de la FECAFOOT qui, au lieu d'aller perturber les trop courtes vacances de joueurs professionnels, devrait s'auto-convoquer en session extraordinaire pour réfléchir sérieusement à une démission collective.


(c) Crédit image : Mboablog

Ces messieurs sont capables de tout, y compris de pousser le cynisme jusqu'à se sentir injustement accusés. On va donc leur fournir les motifs de cette auto-convocation :

- Bilan sportif archi-négatif : aucune victoire en compététion CAF/FIFA depuis 9 ans, toutes catégories confondues, aussi bien pour l'équipe nationale que pour les clubs.

- Bilan financier calamiteux : aucun audit des sommes reçues de la CAF et de la FIFA, aucune transparence dans la gestion de ces milliards de FCFA.

- Bilan RH infra-nul : incapacité notoire à prévenir et régler les conflits entre les joueurs. 100 % des recrutements de sélectionneurs négatifs depuis 2003. Politique de formation et de détection de talents invisible, etc.

- Bilan comm' proche du zéro absolu : invisibilté du Président de la FECAFOOT, l'homme aux manettes pour toutes les tractations importantes, mais toujours en retrait dès qu'il s'agit d'assumer les mauvais résultats de ses choix. Arrogance et bêtise insondable de son numéro 2, le Dr Francis Mveng.

- Pour le reste : les infrastructures, le poids institutionnel dans les instances internationales, l'encadrement du championnat national, etc., le bilan est tout aussi en dessous de zéro.

Dans le Japon d'avant Tepco, les dirigeants se faisaient hara-kiri pour moins que cela.

Magnanime, nous n'en demanderons pas tant à Iya Mohamed et à sa suite. Juste une chose :

Qu'ils dégagent !