Lorsque l’on parcourt le site de CPNT, on constate que les bases du programme sont déjà en place. Même si certains chapitres sont encore vides (notamment sur le programme économique), il s’agit bien de défendre le mode de vie traditionnel « de nos campagnes et terroirs » qui, rappelle le site, représentent 80% du territoire national (pour 20% de sa population).
La posture de CPNT est assez particulière. Contrairement aux autres partis, il ne s’agit pas vraiment de proposer un programme pour la France, mais uniquement pour une certaine partie du territoire, jugée comme étant maltraitée par les évolutions de ces dernières décennies. En clair, le CPNT déplore la désindustrialisation des zones rurales, le recul des services publics, l’écologie punitive, la perte des valeurs traditionnelles et la mainmise de la ville sur la campagne.
Ainsi, parmi les propositions, l’on apprend qu’il faudrait gérer les villes comme on gère les campagnes (« normal, car ruralité rime avec quartiers »). Il faudrait refuser la France des métropoles pour « bien vivre au pays », en finir avec la politique de la ville pour réinvestir dans les campagnes… de cette interminable liste de courses pour le rural ressortent deux idées clés : il faut rendre à la campagne ce que la ville lui a pris, et il faut dire non à l’écologie telle que défendue par les Verts (car elle pénaliserait trop les zones rurales).
CPNT regrette la France d’avant 1970, voire d’avant 1945. La France des campagnes, des terroirs et des traditions. Oui, mais l’urbanisation et la mondialisation sont passées par là. La France était majoritairement rurale, elle est désormais quasiment complètement urbaine ou sous influence urbaine. Les campagnes et les paysages ruraux existent toujours, mais fonctionnent de plus en plus sous l’influence de vastes systèmes urbains ou métropolitains. Les géographes considèrent que plus de 95% de la population française, par leur mode de vie, leurs déplacements ou leurs comportements d’achats, sont des urbains.
Dans ce contexte, le monde rural / périurbain apparaît situé cœur de plusieurs évolutions contradictoires :
1. Une profonde remise en question du « monde rural à la française », qui s’appuie sur une occupation diffuse de l’espace et un maillage assez fin de zones peu denses en services publics. Avec la réduction des moyens de l’Etat, la hausse tendancielle du coût de l’énergie, et la vieillissement de la population, c’est toute la logique de ce modèle qui se voit aujourd’hui menacée.
2. Une culture rurale qui s’efface progressivement au profit d’une culture urbaine largement dominante ; en parallèle cette culture rurale réapparaît de manière nostalgique et mythifiée.
3. Une aspiration croissante des urbains à la vie dans un cadre préservé. Ainsi l’on travaille et l’on consomme à la ville, mais l’on habite « à la campagne ». Tendance de fond de la société française depuis plusieurs décennies, et qui est loin de se démentir au regard des enseignements des derniers recensements de l’INSEE.
En faisant l’impasse sur ces évolutions depuis longtemps admises par tous les géographes, urbanistes ou sociologues, CPNT s’enferme dans une posture passéiste et pleurnicharde qui risque fort de s’avérer être une impasse.
Une suggestion pour 2012 : plutôt que de cracher sur Nicolas Hulot (présenté comme le « gorou de la télécologie » et le « candidat des donneurs de leçons »), pourquoi ne pas se rapprocher des Verts et réfléchir avec eux à un modèle de société plus écologique, dans lequel la ruralité aurait toute sa place ? Ne serait-ce pas une manière plus efficace de peser sur les choix du / de la futur(e) président(e) ?