Récit - 70 pages
Editions Klanba - 1e trimestre 2010
Le petit Jean-Baptiste, à peine sorti de l'enfance, son certificat d'études en poche, voit venir à lui l'heure de faire le voyage de sa vie, celui de la France, incité par son entourage pour y poursuivre ses études. Nous sommes à l'été 1948 et voilà qu'il quitte la Côte d'Ivoire par Port-Bouët. Le bateau pour Dakar tout d'abord, puis l'avion le jour où il daignera arriver. Avec ses camarades, et encadré de leur mentor qui s'efforce de créer alors des ponts entre l'Afrique post coloniale et la France, il débarque à Choisy le Roi. Puis découvre la culture française, l'hospitalité ou l'incompréhension des gens qu'il croise. Noël vient et il ne passera pas les fêtes au pays.
Un court récit d'émigration, des paroles de souvenir d'immigrant, un témoignage de 60 ans, autre époque autres moeurs. On se plaît à défaire de ces aventures ce qui relève de l'universel des conditions d'émigration encore aujourd'hui (les escales, les conditions d'hébergement temporaire parfois défectueuses, les a priori qui trottent dans les têtes des migrants comme de ceux qui les croisent) de ce qui nous apparaît comme des caractéristiques passée d'une organisation de l'émigration voulue (logistique prise en charge en partie pour ce voyage, directeur d'école voué à favoriser ces voyages pour assurer l'avenir des bons élèves, hébergement en France, séjour à Gif-sur-Yvette, ou dans la Sarthe, pendant les vacances, dans des locaux prêtés par le Parti Communiste...)
Extrait :
"Le Hoggar immobile ne semble pas vouloir quitter le port. Tournant le dos au quai, je vois le ciel incurvé et la mer bombée soudés à l'horizon ! Un étrange sentiment de joie et de terreur s'empare de moi : je commence à sentir le choc des vagues contre le navire, un froid qui me donne la chair de poule, une odeur entêtante, le souffle de la mer !"
Ce voyage je devais le faire, c'est un homme sage qui se remémore et laisse la parole à l'enfant qu'il a été. Le jeune diplômé découvre une foule de choses, les décrit avec sa fraîcheur, n'oublie jamais ses camarades dont l'importance ne fait aucun doute.
Jean-Baptiste Tiémélé, après des études d'urbanisme et de géographie est depuis devenu "poète par accident, comédien par envie et essayiste par désir d'instruire" et sa voix est la plus douce qui soit. Son récit déborde de l'humilité et la simplicité qui le caractérise.