Depardieu, Gérard Depardieu. Le stakhanoviste du cinéma français ne se repose guère, et ne faiblit pas au fil des ans. Le voir retrouver Jean Becker est une vraie promesse de cinéma à la français, chez le plus touchant des cinéastes en activité. L’adaptation d’un roman pour une nouvelle histoire tendre en pleine France.
Germain, 45 ans, mène une petite vie tranquille. Les potes, le bistrot, son amie.. Mais au fond, Germain a une curiosité pour la vie inassouvie, son humanisme ambiant limité par une difficulté à lire et écrire. Sa rencontre avec une retraitée, Margueritte, est le début d’une amitié axée sur la découverte et la culture, lui ouvrant de nouvelles portes. Histoire simple mais d’une profonde sensibilité, La Tête en Friche porte la patte d’un Jean Becker qui arrive à trouver la bonne note à chaque histoire. Qu’il s’agisse des Enfants du Marais, ou de Deux Jours à Tuer, jusqu’à cette Tête en Friche, les histoires sont différentes, les ambiances opposées, le drame ou la comédie alternant les couleurs des récits, mais Becker s’en sort toujours avec brio. Si on pouvait douter du mastodonte Depardieu face à une Gisèle Casadenus bien frêle, le couple formé ici apparaît naturel et malicieux. Et c’est un vrai plaisir de les voir converser ensemble, au fil des lectures ou des petits moments de vie partagés.
On n’en oublie pas pour autant le reste du film, construit comme une toile de fond vivante, et qui permet à une belle série d’acteurs de se montrer : Bouchitey, Demaison, Guillemin… Jusqu’à une Maurane parfaitement à sa place en patronne de bistro, Becker n’oublie pas une seule pièce de son histoire. Avec une histoire divisée entre flash backs (sur l’enfance de Germain) et époque actuelle, le cinéaste ne fait pas dans l’originalité, mais marque encore une fois l’efficacité et la tendresse de son art. Que dire de plus? Pas grand chose, on aime ce cinéma français qui garde la tête sur les épaules. Et les idées ouvertes au monde ; aborder un sujet aussi moderne que l’analphabétisme n’est pas chose commune.