Bon alors bien sur tout le monde va penser que je vais parler des fameux nitrates qui s'accumulent dans nos robinets. Eh bien, non ! Les nitrates, c'est bien sûr un problème, mais il y a beaucoup plus important !
En réalité plus de la moitié des fleuves de la planète sont pollués, et plus d'un milliard et demi de personnes n'ont pas accès à l'eau potable. Cent Vingt millions de personnes sont en permanence malades à cause de l'eau. Cinq millions de personnes en meurent chaque année, dont, chaque jour, six mille enfants. L'eau polluée représente un danger majeur pour la santé humaine.
vert, inférieure à 5%
orange, entre 5 et 30 %
Rouge, supérieure à 30%
Qui Pollue ?
Pollution par les déchets humains
Signalons un cas de pollution domestique volontaire et acceptée : la pollution aux fluorures. Sous prétexte qu'il est censé protéger des caries, le fluor est actuellement ajouté à l'eau potable de 200 millions d'américains et 6 millions d'anglais, sans compter le canada, le Chili, l'Irlande, Israël et le Brésil qui s'y mettent aussi (en France et en Allemagne, c'est interdit). Or il est de plus en plus certain que le fluor ajouté à l'eau potable est dangereux pour la santé, et de même que son effet anti-carie est de plus en plus contesté. Les habitants des zones où ces pratiques ont lieu ont un taux supérieur de fractures de la hanche, ainsi que d'un type de cancer (rare) des os chez les garçons de 9 à 19 ans. La fluorisation provoque également une carence en iode susceptible d'endommager la thyroïde et de provoquer des handicaps physiques et mentaux. L'eau n'est pas un médicament ! A vouloir trop bien faire...
Pollution par les déchets industriels
L'image ci-contre donne une idée des sources de pollutions industrielles en Chine.
Les principaux polluants industriels sont : Les produits pétrochimiques
(benzène, toluène, additifs aux carburants) qui s'échappent des réservoirs et des véhicules. Aux états unis, en 2000, on a recensé pas moins de 386000 fuites de réservoirs rouillés en 2000. Shell a reconnu en 1993 qu'un tiers de ses stations services en Angleterre avaient pollué les eaux souterraines. A Santa Monica, en Californie, la moitié des puits alimentant la ville en eau ont dû être fermés à la suite d'un écoulement de pétrole.
Les solvants chlorés,
utilisés pour dégraisser les métaux et les plastiques et nettoyer les tissus dans les pressing. Très utilisés dans l'électronique, la papeterie et l'aéronautique, ces produits s'infiltrent dans les réserves d'eau douce. On en a trouvé dans 50% des réserves d'eau potable anglaises, et dans 30% au japon (Et en France ? Silence radio sur cette pollution). Boire de l'eau polluée par des solvants chlorés détériore le foie et les reins, provoque certains cancers et des troubles de la fertilité. Ils sont également très dangereux pour les femmes enceintes, et peuvent provoquer des malformations des nouveaux-nés. Notons que beaucoup de pays utilisent du chlore pour "traiter" l'eau, or le chlore peut produire du chloroforme, produit dangereux qui est une cause de cancer de la vessie, du colon et du rectum.
Pollution par les métaux lourds.
Les produits pharmaceutiques.
Pollution par les matières radioactives :
Pollution par l'agriculture
Il est donc logique que la concentration de nitrates ait triplé dans les eaux souterraines de nombre de pays d'Europe (dont la France). Les seuils sont dépassés dans pas mal de régions, ainsi que pour 40 millions d'américains. et la moitié de la chine du nord. Les nitrates réduisent l'apport d'oxygène au cerveau, et provoquent le syndrome de l'enfant bleu (mortel). Mais ils sont également cancérigènes (syndrome non Hodgkinien, cancer de la vessie et du côlon)
Les pesticides aux organophosphates et aux carbamates détruisent le système nerveux. Les pesticides organochlorés provoquent des troubles de la croissance et de la reproduction. Ils ont été associés à des cancers (sein, testicules, prostate), et a des cancers infantiles.
Interlude : une petite vidéo sur la pollution de l'eau
Conséquences de la pollution de l'eau douce
Mais il n'y a pas que des dangers pour la santé humaine. Un grand nombre d'espèces sont menacées par la pollution des eaux douces (oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons). Globalement toutes ces espèces ont vu leur population diminuer de 54% entre 1970 et 2000.
Mais même sans eutrophisation, la pollution par les pesticides a un effet dévastateur sur la faune. Le saumon de l'atlantique a par exemple totalement disparu de son habitat naturel situé en nouvelle Angleterre et au canada. Ces produits chimiques sont responsables de graves désordres de la croissance et de la reproduction des poissons, coquillages, oiseaux piscivores, et loutres en Europe du nord, au canada et aux états unis. Les cas de cancer chez les poissons deviennent de plus en plus courants.
La présence d'hormones artificielles dans les eaux douces dérègle le système hormonal de la faune aquatique. On observe une forte féminisation des poissons mâles. Certaines conséquences des pollutions sont incroyables. Par exemple dans le lac Apopka, en Floride, qui fut pollué en 1980 par l'idicofol, un insecticide, la population d'alligator s'était effondrée. Mais à la surprise des scientifiques, la population continua à diminuer même lorsque l'eau eut retrouvé sa qualité initiale. En fait, 60% des alligators mâles avaient un pénis trop petit pour se reproduire !
Ceci fait penser au cas des abeilles en France, qui sont perturbées par l'insecticide "gaucho", mais qui restent perturbées après le moratoire sur ce dernier.
N'oublions pas que l'homme est au bout de la chaîne alimentaire...
L'Avenir
Il n'est pas rose...
Dans les pays développés
Les gouvernements continuent à subventionner l'agriculture industrielle. Ils ont peur des réformes qui risqueraient de remettre en cause leurs objectifs de croissance. Ils n'ont pas conscience des alternatives possibles (voir ci dessous). Enfin ils craignent qu'un changement soir pris comme un aveu tacite de fautes antérieures.
On continue sans cesse à inventer (et donc à disséminer) de nouveaux produits chimiques. Enfin de plus en plus d'hormones sont déversées dans l'écosystème, et il n'y a pas de solution de traitement de l'eau pour ces produits. De puissants lobbys agissent pour que les gouvernements ne mettent pas leur nez dans les affaires des sociétés qui fabriquent les produits chimiques et pétroliers. Le gouvernement Bush a proposé de supprimer totalement les fonds destinés à étudier l'impact sur les populations de ces produits !
Les représentants des industries agroalimentaires, chimiques et énergétiques s'opposent à toute réforme qui "pourrait être une menace sur leurs profits". Ils ont réussi à faire abandonner l'obligation d'une production industrielle propre dans l'Union Européenne. En Angleterre, ils ont réussi à faire ramener la superficie devant être protégée contre la pollution aux nitrates à 55 % de la terre (et 13 % en écosse et 3% au pays de Galles !). Ils continuent de faire pression contre l'introduction du principe de précaution et du principe du pollueur-payer dans les législations sur l'eau. Les distributeurs d'eau Européens essayent de revenir sur le principe de la distribution d'une eau vierge de pesticides, tout simplement pour abaisser les coûts de traitement...
Dans les pays en développement
En 2006, un cap a été franchi : plus de la moitié de la population mondiale vit désormais dans les villes. Chaque jour, 160 000 personnes quittent la campagne pour la ville. Ces villes sont loin de pouvoir accueillir cette population nouvelle, qui s'entasse dans des bidonvilles. en 2025, cinq milliards de personnes seront privés de tout système sanitaire, soit deux fois plus qu'aujourd'hui. Et l'eau qu'ils consommeront ne sera pas potable. L'eau dans laquelle ils se laveront sera souillée. Les poissons qui pouvaient les nourrir auront disparus.
Les agriculteurs de ces pays vont être contraints de suivre le "modèle" qui a jusqu'ici prévalu dans les pays développés : déversement massif d'engrais au nitrate pour augmenter les rendements, de pesticides pour "contrôler" le développement vertigineux des parasites et nuisibles que la monoculture intensive crée inévitablement. Les subventions à l'importation de produits agricoles étrangers sont ineptes et contraignent les agriculteurs locaux à la misère. L'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) empêche les pays en développement de s'opposer aux importations de produits agricoles subventionnés. En chine, cela a conduit à l'exode de 432 millions d'agriculteurs vers les villes entre 2000 et 2005.
Les réglementations sur les produits chimiques sont souvent inexistantes dans ces pays, et le développement économique est la priorité N°1, au détriment de tout le reste, y compris peut être la vie des citoyens dans le futur ! Les exemples abondent en Chine , mais en fait partout : par exemple la mine de cuivre d'Ok Tedi en nouvelle Guinée, gérée par une banque australienne, la BHP, s'est rendue coupable à plusieurs reprise de pollutions effroyables de l'eau douce, pourtant bue par les populations situées en aval. Le FMI a même encouragé que cette mine ne soit pas assujettie aux réglementations sur l'eau !
Ce même FMI (Fond Monétaire International) exige des réductions de dépenses publiques dans les pays en développement, là précisément où ces dépenses sont les plus nécessaires...
MAIS QUE PEUT-ON FAIRE !!!!!
L'eau devrait être une source de vie et non de mort. La seule solution à long terme est d'empêcher la pollution de l'eau douce. Il faut agir le plus en amont possible. Les systèmes agricoles, industriels, énergétiques et de gestion des déchets qui sont responsables de cette pollution doivent être remplacés par des alternatives non polluantes.
Ces alternatives existent :
Tout à l'égout pour tous
La plus importante et la plus simple de ces solutions consiste à mettre en place des systèmes de récupération des déchets organiques (terme poli pour dire : la pisse et la merde) viables, là où ces systèmes n'existent pas, c'est à dire pour 40 % de la population mondiale.
Une technologie mise au point au Mexique, appelée SIRDO (Systema Integral de Recilamiento de Desechos Organicos) peut être adoptée par les ménages : pas besoin de chasse d'eau ni de toilettes, c'est un système à double chambre, l'une pour les déchets quotidiens, l'autre à long terme : elle reste close pendant plusieurs mois et les déchets se transforment en compost. Le résultat final est un engrais tout à fait acceptable...
Ce système fonctionne dans de nombreuses villes, sans odeurs, et ne coûte pas plus cher que les usines de traitement chimiques conventionnelles. A South Burlington, dans le Vermont (USA) le système Living Machines qui y est installé traite 364 m3 d'eaux usées par jour.
Production propre en boucle fermée
Concevoir une usine dans laquelle tout déchet produit est soit réutilisé soit décontaminé sur place, est possible. Ceci impose que les produits que ne peuvent être recyclés ou rendus inoffensifs soient remplacés par d'autres susceptibles de l'être. Et ça marche !
Certaines usines de papier ont remplacé le chlore utilisé pour blanchir la pâte par de l'oxygène, du peroxyde, de l'ozone ou des polyoxométalates qui sont faciles à régénérer. l'usine "Millar Western Pulp" sur le lac Meadow au Canada produit chaque année 240 000 tonnes de papier blanchi sans aucun rejet d'eau usée.
Agriculture biologique
Inutile de s'étendre sur cette solution, qui a tellement d'avantages que c'en est indécent : elle réduit la pollution et l'exode rural, et crée des emplois. Le coût de traitement des eaux est réduit, à tel point que la compagnie de distribution d'eau allemande Stadwerke München paye les agriculteurs pour qu'ils se convertissent !
Énergies renouvelables
La pollution de l'eau douce (et bien sur également des mers) due au "tout pétrole" pourrait être supprimée par le développement d'énergies renouvelables.
Principe de précaution pour les produits chimiques
En Suède, on n'autorise un nouveau produit chimique à être utilisé uniquement s'il fait l'objet d'un agrément basé sur le principe de précaution. Une telle politique permettrait de retirer du marché des centaines de produits sur lesquels pèsent de sérieux doutes.
Prise de conscience
Enfin, il ne faut pas oublier que le déclencheur de toute réforme est une prise de conscience. Encouragez donc cette prise de conscience... et faites connaître à tous vos proches cette page web !
Comment réduire notre consommation d'eau ?
Diminuer notre consommation, c'est diminuer les traitements chimiques et les infrastructures nécessaires, donc diminuer la pollution.
Un ménage français consomme en moyenne environ 200 Litres d'eau par jour. Pourtant, il serait facilement possible de réduire cette consommation à 40 litres... Réduire la consommation de l'eau, c'est aussi réduire les traitements nécessaires pour produire de l'eau potable et pour l'assainir après usage, et réduire la pollution ! La pollution de l'eau c'est l'affaire de tous, c'est aussi notre affaire, et nous pouvons TOUS la réduire avec quelques gestes simples !
Les WC :
ils représentent 40 litres d'eau par jour ! Pourtant les solutions ne manquent pas :
- Les toilettes sèches (consommation d'eau : zéro) sont bien sûr la solution idéale. Une autre solution consiste à alimenter les WC avec de l'eau de pluie : a-t-on vraiment besoin de nettoyer nos merdes avec de l'eau potable ?
- A défaut, les WC à double débit permettent de diviser la consommation par 2. Changez vos chasse d'eau maintenant !
Le lave-linge :
24 litres par jour ! Il est possible de réduire ce chiffre à zéro en utilisant, là encore, de l'eau de pluie récupérée ou de l'eau provenant d'un puit. Cela impose évidemment de revoir le cricuit d'alimentation en eau de la maison. Mais c'est rentable !
Le bain et la douche
78 litres par jour en moyenne ! Pourtant, en prenant plutôt des douches que des bains, en posant des réducteurs de débit, et tout simplement en ne laissant pas couler le robinet pendant que l'on se lave, on peut réduire cette consommation à 43 litres...
Le lave-vaisselle :
Il représente 20 litres par jour. Pourtant, une machine classe A est rentabilisée en 2 ans, et elle consomme beaucoup moins. Si de plus on décide de faire les "petites vaisselles" à la main en laissant les grosses pour le lave-vaisselle, on réduit cette consommation à 16 litres.
Le jardin
Nous n'avons pas tous un jardin bien sur, mais pourtant en moyenne les ménages français consomment 12 litres par jour pour leurs jardins et autres plantes vertes. La solution : installer une citerne de récupération et arroser avec de l'eau de pluie.
La boisson et la cuisine
L'eau ça se boit aussi :) Nous consommons 12 litres d'eau par jour en moyenne pour la cuisine et la boisson. Ici, aucune action n'est nécessaire, sinon de faire attention à ne pas mettre trop d'eau pour cuire les pâtes ou le riz !
Divers :
Nous gaspillons en moyenne 12 litres d'eau par jour en laissant couler les robinets trop longtemps, (un robinet ouvert, c'est 15 litres à la minute), et en lavant les sols avec de l'eau potable... Enfin, lorsque nous achetons des objets, pensons à la quantité d'eau qu'il faut pour les fabriquer et les transporter jusque chez vous. Un jean, par exemple, requiert une énorme quantité d'eau pour sa fabrication... Un litre d'eau en bouteille nécessite indirectement 3 litres pour son transport et sa distribution... Buvez de l'eau du robinet ! En France, on a la meilleure eau du robinet du monde, il faut le savoir.